Les dirigeants et intellectuels africains semblent se réveiller d’un long sommeil. De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer le franc CFA utilisé dans 14 pays. Une monnaie qui permettrait à la France de bénéficier des réserves de fonds des pays concernés qu’elle utilise à des fins propres. Après de nombreux économistes, c’est le président Tchadien Idriss Déby qui a appelé dernièrement les Africains à frapper leur propre monnaie.

L’Afrique ne peut pas se développer avec le franc CFA, estime Idriss Deby. Le franc CFA dit-on est garanti par le Trésor français, une aberration car cela sonne comme si les Africains doivent être sous tutelle comme à l’époque coloniale. Et si le franc CFA pouvait s’expliquer (et non pas se justifier) à l’époque coloniale parce que les pays de la zone CFA étaient administrés par la France, cette monnaie aurait dû disparaître en même temps que la colonisation, et donc avec l’Indépendance des pays africains.

Aujourd’hui, les pays de la zone CFA commercent avec l’Asie, les Etats Unis et beaucoup d’autres pays européens en dehors de la France. Alors rien ne saurait justifier que la devise utilisée soit sous tutelle. L’exemple du Ghana qui a sa propre monnaie est à saluer car cela est un véritable gage d’indépendance. Il serait de bon que les dirigeants actuels de l’Afrique s’inscrivent dans la dynamique de pensée de leurs devanciers comme Kwamé N’Krumah et Thomas Sankara pour une Afrique unie avec sa propre monnaie.

Il est temps de mettre fin à l’infantilisation des Africains, qui sont libres et capables de conduire les destinées de leurs peuples. Si l’Europe a plus de grattes-ciel que l’Afrique, cela ne peut être considéré comme un critère de jugement de valeur sur ce que représentent les uns et les autres.

Tous les organismes internationaux tiennent comptent des standards européens et non des besoins de l’Afrique dans leur calcul du bien-être en oubliant l’Afrique. L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en est une parfaite illustration. Alors que des pays faiblement industrialisés comme les nôtres ouvrent grandement leur marché sous l’injonction de l’OMC, une puissance comme les Etats Unis interdit l’entrée de sous-vêtements et de chaussettes chinoises sur son territoire et subventionne ses agriculteurs au nez et à la barbe de l’OMC. Sous prétexte de mondialisation, des milliers d’entreprises occidentales fourmillent sous nos tropiques pour se faire de l’argent sur les ressources du continent noir. Pendant ce temps combien d’Africains ont des entreprises en Europe ou aux Etats Unis ?

Le Tribunal Pénal International (TPI) disons-le tout net, est un instrument mis en place pour dissuader le Noir qui oserait s’élever contre les politiques occidentales de pillage des ressources de l’Afrique. Bravo au Burundi, à l’Afrique du Sud et à la Gambie qui l’ont déjà quittée. Il serait bien que les autres en prennent de la graine. Un tribunal qui ne s’attaque qu’aux Africains n’est qu’une nouvelle manière de les mettre sous tutelle. C’est aux Africains de rendre leur propre justice en dépit des difficultés qu’ils rencontrent. Chaque Etat doit faire ses propres expériences, ses propres révoltes et ses propres révolutions, comme ce qu’on a connu par exemple au Mali et au Burkina.
L’Afrique doit affirmer sa liberté et la vivre et ne plus accepter qu’une coalition d’affairistes assassinent ses leaders comme l’ancien président Libyen Mouammar Kadhafi, tué pour avoir selon les mails d’Hillary Clinton (révélés pendant la campagne présidentielle américaine), voulu frapper une monnaie unique africaine.
Ce réveil timide de l’Afrique est donc à saluer et à encourager tant le travail de décolonisation des esprits est immense. Il est temps que l’Afrique soit réellement indépendante avec des entreprises, industries et institutions africaines, créées par des africains, gérées par des africains et pour les africains avant tout.

Wendkouni Nazé
Kaceto.net