C’est ce matin à 8 heures, dans la salle des banquets de Ouaga2000 qu’aura lieu la mise en place du bureau national de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina. Il s’agira pour les 148 élus consulaires de désigner ceux et celles qui vont diriger pendant cinq ans cette institution chargée de défendre les intérêts des acteurs du secteur privé. Les 13 présidents des Assemblées consulaires régionales sont d’office membres du bureau, reste à compléter les autres postes, le plus emblématique étant la présidence.

C’est la premieère fois depuis la création de la CCIBF en juin 1948 que l’élection de son président suscite autant d’engouement et de passion.
Trois candidats briguent ce poste hautement stratégique : Apollinaire Compaoré, PCA de Telecel, Adama Ouédraogo, propriétaires des hôtels Palm Beach et Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi, PDG de Smaf International, promoteur entre autres, de l’enseigne Petrofa.
La campagne, qui a été discrète, s’est déroulée dans un climat apaisé. Chaque candidat a pu faire valoir ses atouts dans la catégorie de laquelle relève son activité, et les résultats du scrutin le 13 novembre dernier ont été acceptés par tous, malgré quelques impairs, fort heureusement mineurs.
Depuis la validation des résultats et la fixation de la date de la mise en place du bureau national, la tension est allée crescendo. Le lobbying, pour ne pas dire plus, mené par chaque candidat auprès des élus consulaires pour obtenir leur voix, se poursuit toujours, à quelques heures du scrutin qui, pour une fois est ouvert et aux résultats incertains.

Le gouvernement qui a organisé le scrutin via le ministère du Commerce et de l’industrie a tout fait pour ne pas apparaître partisan. Il a laissé les acteurs privés conduire leur affaire comme des grands. Mais, il ne faut pas se voiler la face : le risque que l’issue du scrutin débouche sur des violence est très élevé. Entre les partisans de Apollinaire Compaoré et ceux de Mahamadi Sawadogo, la tension est montée d’un cran depuis le début de la semaine. Il faut s’attendre à des démonstrations de forces devant la salle des banquets entre sympathisants des deux camps, et le gouvernement ferait mieux de prendre les devants en les maintenant à distance les uns les autres.
Selon certaines indiscrétions, le fonctionnement de certains marchés de Ouaga risque d’être perturbé ce matin. Il faut prier et invoquer les mânes des ancêtres pour que le climat social, déjà agité depuis des mois, ne se dégrade davantage
Aujourd’hui, les acteurs du secteur privé sont à un tournant historique dans la gouvernance de leur organisation. A eux de savoir négocier ce tournant en douceur afin de créer les conditions d’un nouveau dynamisme de la CCIBF.
Tous les moyens logistiques ont été mobilisés pour assurer la transparence du scrutin et c’est à présent aux élus consulaires de jouer leur partition en faisant le bon choix. L’avenir de leur maison commune est entre leurs mains.
Verdict aux environs de 12 heures, avant que le ministre Stéphane Sanou n’installe officiellement le bureau national.

Joachim Vokouma
Kaceto.net