La décision du président français François Hollande ne pas solliciter un second mandat suscite moult commentaires et analyses. Dans cette Tribune parvenue à notre rédaction, son auteur, bien connu des internautes, dénonce le manque de courage du locataire de l’Elysée et conclut que les Etats ont besoin d’hommes forts.

Nos cousins les Gaulois nous ont tout appris, sauf les bonnes manières en matière d’éthique, de bonne gouvernance et de dignité politique qui feront de nos pays des démocraties. N’en déplaise à Christiane Taubira, il n’y a aucune dignité à gâcher cinq précieuses années dans la vie d’un peuple pour ensuite verser des larmes de crocodile afin de se donner bonne conscience quand on échoue lamentablement dans son ambition présidentielle. Hollande a eu un unique mandat de cinq ans et c’était un mandat de trop résultant d’un mauvais casting à l’aveugle, comme dans l’émission The Voice. Dès le départ, il n’avait pas le profil de l’emploi, mais le peuple français a voulu y croire au point de se laisser tirer vers le bas du bas. Il a choisi le moins pire et le pire est arrivé très vite car le meilleur ne se décrète pas.
Comme un coup de tonnerre, François Hollande annonce donc qu’il ne briguera pas un second quinquennat. Pouvait-il en être autrement après le coup de couteau dans le dos asséné par Emmanuel Macron, l’impertinence de Valls ou de Benoit Hamon qui s’est jeté à l’eau sans se gêner ? Apparemment, François Hollande était le seul à croire encore à sa candidature. Ou bien, il se faisait flatter par ses courtisans que son capital de sympathie n’était pas épuisé pour sa deuxième chance. Hélas, l’homme n’a pas l’étoffe pour endurer la charge présidentielle. Face à l’adversité venant de tous les camps, on le voyait rougir, souffrir, se décomposer, plier l’échine, avaler sa langue et enfin s’affaisser. Les menaces et gesticulations du fidèle Stéphane le Foll n’ont pas suffi à calmer le jeu et ramener la raison dans son camp, surtout parmi ses jeunes alliés pressés et ambitieux qui font fi de la politesse et des protocoles. Comme des hyènes qui déchiquettent le cadavre d’un gros mammifère de savane, ils se sont jetés avec rage et avidité sur l’objet de leurs envies. On dirait une insurrection élitiste ou une guerre inter-générationnelle chez les socialistes. Le roi est mort, vive le roi.
Comme toute cette faune politique se connait, Hollande a donc eu son rare moment de lucidité pour voir venir le coup fatal de l’humiliation des primaires. Alors, il a préféré jeter les armes pour ne pas livrer bataille. Parce que tous ces jeunes combattants ont tourné les armes contre le chef, cet ultime combat était vraiment perdu d’avance. Alors comme un général abandonné seul au milieu du gué, il a refusé de risquer la noyade et s’est réfugié dans l’épaisse honte de son échec sociopolitique monumental. Au vu de ce spectacle, point n’est besoin de vouloir lui tresser un quelconque laurier qu’il ne mérite pas. Tous les salamalecs ronflants tweetés par ses affidés ne servent plus qu’à lui adoucir la douleur et alléger le poids de sa défaite cuisante. Si j’étais Blaise Compaoré, je lui enverrai un message de compassion, pour lui signifier que la roue de l’histoire ne s’arrête pas. Il pourrait lui dire avec juste raison de dire à Obama que les Etats actuels ont bien besoin d’hommes forts pour bâtir des institutions fortes.
En effet, que dire des gloussements de la droite haineuse et divisionniste ? Ils ne devraient pas rassurer cette France déboussolée et divisée en proie au doute existentiel. Car, à vouloir piocher dans l’électorat du Front national pour se faire nouveau roi des Gaulois, François Fillon trace certainement le sillon de la désintégration fulgurante d’un Etat français en mal-être, déphasé et pris au piège de ses vieux rêves de grandeur. Que la droite savoure ce moment de désespérance socialiste n’est qu’une illustration de la déchéance globale qui touche une élite sclérosée et guindée en perte de convictions idéologiques, d’honnêteté intellectuelle et de modèles vertueux de leadership politique.
Tel père, tel fils comme dirait l’autre en parlant du mauvais héritage que lèguent les pères indélicats à leurs descendants. Avec Sarkozy et Hollande, la république française de nos ancêtres les Gaulois s’affiche ouvertement bananière à l’image de ses rejetons parsemés dans ses ex-colonies d’Afrique francophone. Au moins, Sarkozy ne s’hasardera plus à parler des peuples africains qui ne seraient pas assez entrés dans l’histoire. Il est maintenant bien placé pour enfin savoir que histoire politique africaine des six dernières décennies révèlent plus que jamais un phénomène de reproduction fidèle de la déchéance démocratique de l’Etat français dans les états néo-colonisés qui lui servent encore de pré-carré obligé. En définitive, les gouvernants des pays africains francophones et français se ressemblent tellement dans leurs pitreries et tares politiques qui sont désormais plus gauloises que nègres.

Boinzemwendé KABORE
Sociologue
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