Le Royaume-Uni a finalement choisi de mettre fin à quarante-trois années d’appartenance à l’Union européenne), vendredi 24 juin. Le camp du « Leave », favorable à la sortie du Royaume-Uni de l’UE, l’a emporté avec 51,9 %, contre 48,1 % pour le « Remain », camp pro-européen

. La participation atteint 72,2 %, soit plus que le taux de participation de 66 % lors des législatives de 2015. 263 circonscriptions ont voté pour la sortie et 119 en faveur du maintien dans l’UE.
Prenant acte du résultat du vote, David Cameron a annoncé vendredi matin son intention de démissionner de ses fonctions de premier ministre pour laisser un autre le soin d’engager les négociations de sortie de l’Union européenne.
« Les Britanniques ont pris une décision claire (…) et je pense que le pays a besoin d’un nouveau leader pour prendre cette direction », a déclaré M. Cameron, qui avait milité pour le maintien dans l’UE. Il a précisé qu’il resterait en place jusqu’à l’automne et la désignation d’un nouveau leader par son Parti conservateur lors de son congrès en octobre.
Un vote révélateur des fractures du pays
Les résultats du référendum britannique sur l’Union européenne montrent un Royaume-Uni profondément divisé, avec Londres, l’Ecosse et l’Irlande du nord qui ont voté pour rester tandis que le nord de l’Angleterre et le Pays de Galles ont voté une sortie.
L’Angleterre a voté pour une sortie, en particulier le nord et le sud-est où le discours sur l’immigration a porté. Les résultats de Sunderland, dans le nord-est, parmi les premiers connus, ont montré un soutien de 61,3 % pour le Brexit. Ils ont été suivis par une série de votes pour le « Leave » à travers le nord de l’Angleterre, dont Sheffield qui était pourtant pressenti favorable au « Remain ». Birmingham, la deuxième ville du pays, s’est également prononcée de justesse pour un Brexit. La ville de Manchester a fait exception en votant pour rester dans l’UE à 60,4 %.
Ville-monde cosmopolite de 8,6 millions d’habitants, la capitale britannique a majoritairement voté en faveur d’un maintien dans l’UE à environ 60 %. Cœur financier et économique du Royaume-Uni, la ville voyait l’appartenance à l’UE comme un avantage pour faire des affaires et circuler librement à travers l’Europe.
Le pays de Galles a majoritairement soutenu une sortie de l’UE mais sa capitale Cardiff a voté pour rester avec 60 % des voix.
Pendant la campagne, les enquêtes d’opinion ont également dressé le tableau d’un Royaume-Uni profondément divisé, avec de grandes différences entre les personnes âgées et les plus jeunes. L’accent mis sur l’immigration, en forte hausse ces dernières années, pourrait accentuer les fractures d’un pays, également marqué par un creusement de l’écart de richesse entre les pauvres et les plus fortunés.
L’europhile Ecosse, comme attendu, a soutenu le maintien à 62 % contre 38 %. Et comme attendu aussi, en cas de Brexit, se positionne déjà pour réclamer un nouveau référendum d’indépendance. Quelques minutes après l’annonce des médias britanniques, la première ministre de l’Ecosse, Nicola Sturgeon, a prévenu que ses administrés voyaient leur avenir au sein de l’UE.
Le parti irlandais Sinn Féin a immédiatement appelé à un référendum sur une Irlande unifiée. « Le gouvernement britannique a perdu tout mandat pour représenter les intérêts économiques ou politiques des Nord-Irlandais », a estimé l’ancienne vitrine politique de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), active des deux côtés de la frontière.
De son côté, le parti républicain irlandais a souligné que le référendum sur l’UE avait des « conséquences énormes sur la nature de l’Etat britannique ». L’UE a injecté des milliards d’euros pour soutenir l’Irlande du Nord après les accords de paix du « Good Friday » de 1998, qui avaient mis un terme à trois décennies d’affrontements confessionnels entre catholiques et protestants ayant fait plus de 3 000 morts.
Chute de la livre sterling, panique sur les marchés
Dans le sillage de ces résultats, la livre plongeait de plus 10,5 % face au dollar, sa plus forte chute jamais subie en un jour. La devise britannique est tombée à son plus bas niveau depuis septembre 1985, alors qu’elle avait atteint jeudi soir un pic de six mois face au billet vert dans la foulée de sondages, publiés après la fermeture des bureaux de vote, prévoyant une victoire du camp favorable au maintien.
Signe de l’inquiétude internationale, Masatsugu Asakawa, responsable de la politique de change japonaise, a annoncé qu’il allait consulter le ministre des Finances de l’Archipel en vue d’élaborer une réponse aux mouvements des marchés, décrits comme très rudes. A la suite de la victoire quasi certaine du camp du Brexit, la Bourse de Tokyo plongeait de plus de 6 % en fin de séance et les cours du pétrole perdaient quelque 6 %.
« L’Europe nécessairement va changer »
Dirigeants de la communauté internationale, investisseurs et multinationales se sont également invités dans la campagne, dont l’un des thèmes majeurs a également été l’économie. L’issue de cette consultation, sur fond de montée de l’euroscepticisme à l’échelle continentale, sera aussi déterminante pour l’avenir de la construction européenne. « L’Europe nécessairement va changer quel que soit le vote des Britanniques », avait déclaré, dans la journée de jeudi, le président français François. Ce dernier rencontrera la chancelière allemande, Angela Merkel, lundi à Berlin.
Vendredi, après les premiers résultats du vote britannique, le député d’extrême droite néerlandais Geert Wilders (Parti pour la liberté, PVV) a réclamé un référendum sur l’UE dans son pays.

Source/ AFP, le monde, reuters
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