Du 20 au 21 juin 2016, se sont tenues à Ouagadougou les assises nationales sur le Plan national de développement économique et social (PNDES), le nouveau référentiel en matière de politique économique et social qui succède à la Stratégie de croissance accéléré e et développement durable (SCADD).
Mais pour l’auteur de cette Tribune, le PNDES n’est que la continuation du Programme d’ajustement structurel que le Burkina a adopté au tournant des années quatre-vingt dix.

Les 20 et 21 juin 2016, une rencontre considérée par les autorités burkinabè comme des assises nationales, s’est tenue à Ouagadougou pour échanger sur le Plan national de développement économique et social (PNDES), la nouvelle trouvaille du gouvernement comme référentiel de développement de notre pays. Cette rencontre avait pour objectif de parvenir à un consensus pour une appropriation nationale de ce plan. Ainsi, l’occasion devrait en principe permettre aux 300 participants d’intégrer les aspirations profondes des populations burkinabè. Mais à l’analyse, ces assises dites nationales, n’ont été qu’une foire pour entériner une décision déjà prise au paravent. Ces assisses ne constituent qu’une stratégie pour le président Kaboré de chercher l’accompagnement et l’onction populaire dans la mise en œuvre de son projet de société. En effet, ce plan dit de développement avait déjà été validé en mi-mars 2016 au cours d’une rencontre entre autorités burkinabè et partenaires techniques et financiers (PTF). Une rencontre qui a d’ailleurs été l’occasion pour les membres du gouvernement de leur réitérer une demande d’appui pour parvenir à la mise en œuvre du PNDES. L’heure n’est plus donc aux assises pour les autorités, mais à la mobilisation des fonds. A preuve, le conseil des ministres du 22 juin 2016, nous apprend que la participation du président du Faso aux 10ème Journées européennes de Développement du 14 au 18 juin 2016 à Bruxelles en Belgique a permis de mobiliser près de 500 millions d’euros au profit du PNDES. Ainsi, le processus d’élaboration et d’adoption de ce plan de développement ne laisse plus douter de sa vraie nature : une réincarnation du programme d’ajustement structurel PAS. C’est par le même cheminement que le PAS s’est introduit dans notre pays. Le gouvernement rédigea, avec l’appui des techniciens de la Banque Mondiale et du FMI un projet. Ensuite, pour donner l’impression que ce projet à l’onction des burkinabè, le Front Populaire de Blaise Compaoré va organiser des assises nationales sur l’économie en mai 1990. 2 000 participants sont réunis et conviennent à l’unanimité d’un programme de réformes économiques soutenu par les institutions de Brettons Woods. Cela à suffit au pouvoir de l’époque pour présenter le PAS comme une émanation de la volonté populaire. Et pourtant, ces assises de mai 1990 restent l’une des plus grandes duperies du système Compaoré, car sa suite on la connait : la Banque Mondiale et le FMI sont devenus les décideurs de la politique de développement de notre pays. Ces institutions prêtent de l’argent au Burkina, pour rembourser ses dettes et pouvoir emprunter à nouveau, elles dictent la mise en œuvre de réformes qu’elles veulent : libéralisation, privatisations, désengagement de l’Etat dans les secteurs sociaux. Les conséquences de ces réformes sont aujourd’hui palpables dans notre pays : une libéralisation à outrance, un système sanitaire en faillite, celui éducatif dans un chaos généralisé ; en un mot comme en mille, des politiques de développement nettement en déphasage avec les attentes des couches populaires. Malgré tout, aujourd’hui encore, on nous parle d’assises nationales pour adopter un plan de développement. C’est quoi, l’objectif : remplir des formalités et continuer à servir une gouvernance au rabais. Mais jusqu’à quand ces méthodes resteront tolérées par les populations ? Une chose est sûre, elles ne sauront restées éternelles.

Soulemane Bambara pour
Kaceto.net