Depuis quelques mois, la traditionnelle bonne entente entre les Burkinabè de toutes les régions et de toutes les ethnies est en souffrance. Dernière polémique en date, un monsieur qui se plaint d’une école fermée dans un village de l’Ouest du Burkina depuis la rentrée. Jusque-là, tout est normal. Mais voici que le plaignant déclare que si c’était au Centre, ce serait réglé depuis longtemps mais comme c’est dans l’Ouest, le gouvernement s’en fout.

Ce type de réaction de plus en plus nombreuses, peuvent être sans arrière-pensée, mais on ne peut pas non minimiser le fond politique qu’elle comportent. D’autant plus qu’un web activiste publiait il y a de cela quelques semaines, l’information selon laquelle l’ancien président Blaise Compaoré faisait en sorte d’avoir toujours un ressortissant de chaque région dans chacun de ses gouvernements successifs. Ce qui ne serait pas le cas avec le président Roch Marc Christian Kaboré qui aurait délaisér sa région d’origine.

Mais la plus grande polémique viendra de ce que sous le drapeau Burkinabè, il était écrit bienvenue en mooré lors d’un sommet de chefs d’État, alors que cette langue n’est pas la seule langue parlée au Burkina Faso. Les pour et les contre se sont affrontés parfois avec beaucoup de virulence sur la toile. Certains rappelaient que lors de la CAN 1998 au Burkina, la Mascotte s’appelait FOFO, qui signifie bienvenue en langue peule, mais personne ne s’en était offusqué. Aussi, le nom Burkina Faso est formé d’un mot en Mooré et d’un autre en Dioula.

C’est donc depuis les changements politiques dans notre pays ces questions régionalistes et ethniques ont pris de l’ampleur. A bien y regarder, il s’agit là de militants politiques, qui cherchent la petite bête pour embêter le pouvoir en place, mais ils prennent le risque de créer des divisions profondes au sein de la population.

Même le football qui est très fédérateur est utilisé dans ce sens. Venant surtout de la ville de Bobo Dioulasso, une polémique est née au lendemain de la victoire des Étalons en quart de finale de la CAN. La raison ? Aristide Bancé dans sa déclaration au coup de sifflet final, a salué Ouagadougou et Abidjan mais pas les autres villes du Burkina.

Le Burkina a une cohésion sociale enviée par de nombreux pays à travers le continent africain. Il serait vraiment dommage de saper cette union à cause d’oppositions politiques ou pour une certaine notoriété sur les réseaux sociaux, notamment Facebook.

Aussi, faudrait-il non pas attenter à la liberté d’expression mais trouver les voies et moyens pour recadrer les débordements sur internet. Certains propos sont parfois très injurieux et à dessin vexatoires, comme si l’on ne pouvait pas critiquer ou donner son avis sans injurier les autres. Il se pose ici une véritable question d’éducation des masses à la parole publique, ou au moins à la courtoisie et à la bienséance.

Hermann Wendkouni Nazé
Kaceto.net