Les partis de l’opposition réunis au sein de la Coalition pour la Démocratie et la Réconciliation nationale (CODER) multiplient les rencontrent pour demander la réconciliation nationale. Dans le même temps, des partis comme le CDP et l’ADF/RDA rechignent à reconnaitre leurs tords dans les évènements qui ont conduit à l’insurrection populaire avec toutes les victimes que nous connaissons. L’actuel président de la CODER et par ailleurs président du parti ADF/RDA, Me Gilbert Ouédraogo affirmera même que les tords sont partagés entre tous les acteurs politiques. S’il est vrai que nul n’a jamais totalement raison et que nul n’a jamais totalement tort, il se trouve que dans cette affaire d’insurrection populaire l’on sait clairement quels sont les partis qui n’ont pas fait preuve d’esprit républicain.

Tout le monde peut se tromper et tout le monde a droit au pardon, mais seulement quand on reconnait sa faute et qu’on présente ses excuses. Les partis de l’ex majorité présidentielle se posent en victimes et estiment que l’insurrection populaire a été un coup d’Etat. Il est temps qu’ils retirent leurs œillères.
La tentative pour une personne de s’éterniser au pouvoir, le manque de démocratie et les injustices sociales ont amené les populations à sortir massivement dans les rues, sans contrepartie aucune. Pas pour suivre un parti politique mais pour dire non à un système clanique. Pour avoir été dans les rues les 28, 30 et 31 octobre 2014 l’on pouvait se rendre compte de la mobilisation jamais vue au Burkina Faso avec des personnes de tous les âges et de toutes les couches sociales.
Il y a certes eu des débordements regrettables avec des incendies de maisons et de services, mais cela ne suffit assurément pas pour dire que les responsabilités sont partagées. Il y a bien une partie qui est en faute et qui malgré, la mobilisation populaire et même les sondages, s’est entêtée pour pérenniser un système au pouvoir.
La réconciliation est une bonne chose mais avant d’y arriver et éviter que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets, il faut que l’ancienne majorité présidentielle sous Blaise Compaoré reconnaisse enfin qu’elle a eu tort sans faux fuyant et sans justification aucune et présente ses excuses à toute la population. Cela n’enlèvera rien au travail de la justice mais nous aurions alors réellement emprunté le chemin de la réconciliation.

L’ancienne majorité a fait de bonnes réalisations au Burkina dans bien de domaines en 27 ans de pouvoir. Elle peut s’en féliciter et revendiquer cet héritage, mais elle aussi le devoir de reconnaître qu’elle a été mal inspirée sur la question du sénat et de la modification de l’article 37. Tant que l’ancienne majorité va toujours se considérée comme une victime de ses propres turpitudes, il ne pourra malheureusement pas y avoir de réconciliation au Faso.

Wendkouni Nazé
kaceto.net