Le Burkina Faso célèbre cette année la 160ème Journée internationale de la femme sous le thème « La valeur morale de la personne humaine : responsabilité des communautés dans la lutte contre l’exclusion sociale des femmes ». Ce thème vient renforcer celui retenu par les Nations unies, à savoir, « Les femmes dans un monde du travail en évolution : une planète 50 – 50 d’ici à 2030 ». Une thématique qui interpelle les Etats à prendre des mesures pour assurer la protection des droits des femmes, notamment à travers leur autonomisation économique tout en y incluant la réduction de l’écart salarial entre hommes et femmes, qui se situe à 24% à l’échelle mondiale.

Historiquement la journée internationale de la femme, célébrée chaque année le 8 mars, puise ses racines dans la lutte que mènent les femmes depuis des siècles pour leur épanouissement notamment celle des Parisiennes pendant la Révolution française de 1749, qui ont marché sur Versailles, demandant « liberté, égalité, fraternité » pour exiger le suffrage des femmes.

Du thème du 8 mars 2017 au Burkina Faso

En choisissant d’axer la commémoration du 8 mars 2017 sur le thème de « la valeur morale de la personne humaine : responsabilité des communautés dans la lutte contre l’exclusion sociale des femmes », le Burkina Faso place au centre des préoccupations majeures, l’épineuse problématique de la valorisation de l’image de la femme dans la société traditionnelle et son implication dans le développement du pays.

Dans le contexte socioculturel africain, où les personnes âgées sont considérées comme une somme de connaissances et d’expériences utiles pour la jeune génération, on assiste à leur exclusion sociale. Ainsi, chaque année, dans différentes localités du pays, des personnes âgées, majoritairement des femmes, sont chassées de leur foyer et/ou de leur famille et bannies de leurs communautés. Des femmes du troisième âge, sont souvent accusées d’être des sorcières ou des « mangeuses d’âmes » et par conséquent coupées de tout lien avec le reste de leurs familles et de leurs villages, après avoir subi des traitements inhumains et dégradants.

Des chiffres qui font frémir

Les statistiques en matière d’exclusion sociale pour faits de sorcellerie donnent un tableau plutôt sombre. En septembre 2015, le centre Delwendé de Tanghin enregistrait en son sein 255 personnes victimes d’exclusion sociale dont 250 femmes ; la Cour de solidarité de Paspanga à la même date, abritait 82 femmes victimes d’exclusion sociale. Au 17 décembre 2016, 926 personnes pour la plupart des femmes, victimes d’exclusion sociale ont été enregistrées dans 13 centres d’accueil et cours de solidarité et seulement 61 sont retournées dans leurs familles respectives.

En plus de ces cas spécifiques à l’exclusion par allégation de sorcellerie, on peut noter les cas d’exclusion de filles en difficulté, bannies ou chassées pour avoir pris une grossesse ou pour avoir refusé un mariage forcé. A titre d’exemple, en ce qui concerne l’exclusion des filles pour raison de grossesse, l’Hôtel Maternel de Ouagadougou en a accueilli et hébergé 205 sur la période de 2007 à 2016. On enregistre également des cas de femmes exclues socialement pour refus du lévirat.

La réaction du gouvernement pour y remédier

Face à cette situation où les droits humains les plus fondamentaux sont bafoués et la dignité humaine sérieusement remise en cause, il est de la responsabilité de tous les acteurs de lutter contre ce phénomène. Dans cette optique, le Gouvernement burkinabè a pris des mesures visant à combattre ces exclusions à travers la création d’un Secrétariat d’Etat en charge de la lutte contre l’exclusion sociale, l’accompagnement des structures d’accueil de ces femmes, la sensibilisation des populations sur les dangers du phénomène. A cela s’ajoute l’adoption de la loi n° 061-2015/CNT du 06 septembre 2015 portant prévention, répression et réparation des violences à l’égard des femmes et des filles et prise en charge des victimes, et celle de la loi n°024-2016/AN du 17 octobre 2016 portant protection et promotion des droits des personnes âgées.

Cultiver les valeurs de tolérance et de solidarité

En plus de ces mesures, des actions de changement de mentalité et de comportement ont été menées. La réflexion sur le thème du 8 mars 2017 dans notre pays, permettra aux acteurs (communautés coutumières, religieuses, société civile, partenaires techniques et financiers, Etat) de définir la responsabilité des communautés dans la lutte contre l’exclusion sociale des femmes et de dégager des propositions de solutions pour promouvoir l’abandon de cette pratique.

Deux sous-thèmes seront abordés au cours des réflexions. Il s’agit de la « lutte contre l’exclusion sociale des femmes : Rôle des acteurs » et « quelles sont les stratégies pour une meilleure réinsertion sociale des femmes accusées de sorcellerie au sein de leurs communautés ? »

Au regard du thème, plusieurs activités sont prévues à l’occasion de cette 160ème Journée internationale de la femme. Il s’agit entre autres de séances d’information, de plaidoyer, de sensibilisation et de conscientisation à l’endroit du public, en vue de venir à bout de ce phénomène. Le clou de la célébration au niveau national sera la cérémonie commémorative officielle à Ouagadougou, présidée par l’épouse du président du Faso, Madame Sika KABORE. La solidarité humaine étant un lien fraternel et une valeur sociale importante qui unissent le destin de tous les hommes, la commémoration de cette journée sera une fois de plus l’occasion d’expression d’actes de solidarité et de compassion aux personnes exclues et vulnérables, notamment à travers des visites aux structures d’accueil des personnes victimes d’exclusion sociale pour réaffirmer le soutien du gouvernement burkinabè à leur endroit.

La célébration de la journée internationale de la femme par le Burkina Faso, offre l’occasion de dresser le bilan des progrès accomplis dans la promotion de l’égalité du genre. Elle permet aussi de passer en revue les difficultés que les femmes doivent surmonter dans la société et les moyens à mettre en œuvre pour améliorer leur condition.

C’est depuis 1998 que les autorités burkinabè ont inscrit la commémoration de la journée internationale de la femme comme événement majeur dans notre pays.

Ministère de la Femme, de la solidarité nationale et de la famille