M. Emmanuel Issoze Ngondet, premier ministre du Gabon, accompagné, entre autres, par le ministre de l’Economie, M. Régis Immongault, la ministre de la Promotion des investissements privés, du Commerce, du Tourisme et de l’Industrie, Mme Madeleine Berre, le directeur général du fonds gabonais d’investissement, M. Serge Mickto, et par Alex Bongo Ondimba, le frère d’Ali Bongo, ont été invités pour une tournée d’affaire à Paris du mercredi 22 au vendredi 24 mars, notamment par le comité Afrique du Medef, à l’occasion des Rencontres internationales des Partenariats Publics Privés.
Cette visite a lieu moins de deux mois après que le Parlement européen a jugé « extrêmement douteux » les résultats de l’élection présidentielle du 27 août 2016 (voir également le rapport publié par Survie en novembre 2016 [1]) et dans un contexte de répression contre les travailleurs gabonais : le 23 février, des policiers et gendarmes ont brutalisé et blessé plusieurs grévistes au sein de l’entreprise pétrolière Maurel & Prom (dirigée par le français Christophe Blanc), et le vendredi 17 mars, en toute illégalité, l’une des plus importantes confédérations syndicales du Gabon (la Confédération nationale des syndicats du secteur éducation, la Conasysed) a été suspendue par arrêté ministériel.
Mais pour les entreprises françaises installées au Gabon, qu’importe la légitimité du pouvoir en place et les droits des travailleurs gabonais bafoués, puisque c’est justement grâce au soutien et à la complaisance du pouvoir politique dictatorial que leurs affaires sont toujours aussi florissantes. L’entreprise Veolia en est un exemple marquant et le président du Comité Afrique du Medef International, M. Patrice Fondalladosa, qui a présidé la rencontre du vendredi 24 mars, est bien placé pour le savoir, puisqu’il est aussi le PDG Afrique et Moyen Orient de Veolia. Cette entreprise, via la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), filiale du groupe Veolia, a le monopole depuis 1997 de la production, du transport et de la distribution de l’électricité et de l’eau au Gabon. Malgré une augmentation de +75,23% du coût de l’électricité et de +48,2% de l’eau, le service rendu est source de mécontentement de la part de très nombreux Gabonais. Le ministre de l’Eau et de l’énergie lui-même affirme que « d’une manière générale on note que les engagements pris par le concessionnaire n’ont pas été tenus », ce qui n’a pas empêché Veolia de voir son monopôle prolongé de 5 ans supplémentaires tout récemment...
L’association Survie, au côté de la diaspora gabonaise, s’indigne que les entreprises françaises, en poursuivant leurs affaires au Gabon et en déroulant le tapis rouge aux ambassadeurs du gouvernement illégitime gabonais, se rendent complices d’un pouvoir dictatorial et mafieux, qui ne travaille que pour ses propres intérêts, et non pour l’intérêt de la population gabonaise.

Association Survie