Les manifestations de la violence humaine peuvent être : interpersonnelle. Elle est alors psychologique, morale ou physique. C’est la violence entre autrui et moi, due à toutes sortes de conflits qui naissent de la coexistence. Elle peut être perçue comme consubstantielle à notre agressivité animale, à la lutte pour la survie, à la nécessité naturelle d’éliminer les êtres les moins aptes à la pérennisation des autres. Elle peut être aussi conçue comme signe d’une déchéance morale de l’humain, une perversion de l’âme humaine embourbée dans les biens terrestres et empoisonnée par le principe de la propriété privée. En tout état de cause, les hommes ont à partager plusieurs choses : l’espace, les ressources naturelles ou les biens créés. Ce partage est toujours générateur de violence. Ils sont semblables, mais ils sont aussi d’une diversité très complexe qui oppose trop souvent leurs valeurs de vie.
La violence socio-historique : elle se manifeste à travers la délinquance sociale, la criminalité, les conflits sociopolitiques, les guerres de toutes sortes, politiques, religieuses, civiles. Les types de conflits qui existent entre les individus sont également susceptibles de se produire entre les groupes sociaux, les entités nationales. On pourrait alors dire que la violence socio-historique est, ou le prolongement de la violence interpersonnelle ou au contraire son fondement. Mais, souvenons-nous ici que pour beaucoup de penseurs, la violence historique dépend de forces qui transcendent l’humaine volonté.

Les solutions à la violence

Les solutions violentes : elles sont basées sur le principe que l’on guérit le mal par le mal. Seule la violence peut mettre fin à la violence ; c’était l’avis de Thomas Hobbes. Pour lui, face à la violence des individus, il faut un État fort et violent pour instaurer la paix publique. Si l’homme est un loup pour l’homme, seul un grand loup peut instaurer la paix.
Les solutions non violentes : contre l’avis de Hobbes, on peut soutenir avec Rousseau que force ne fait pas droit. La paix que la violence instaure n’est qu’une paix précaire qui peut entraîner des violences plus graves, sous forme de révolte de toutes sortes. Il vaut mieux instaurer une paix basée sur la loi, qui amène chacun à renoncer à la violence et à être protégé contre la violence des autres. C’est dans un État de droit et de justice que la violence peut être jugulée. Il faut faire en sorte que la justice soit impartiale, accessible à tous. Nul ne doit être au-dessus de la loi et nul ne doit être tenté, par désespoir, de se rendre justice soi-même. Par ailleurs, tout État qui veut surmonter la violence, doit s’efforcer de promouvoir les droits sociaux et de réduire les inégalités. Dans un pays de droit, les inégalités se réduisent, la misère s’amenuise, les conflits deviennent non violents, les revendications se font pacifiquement. Dans un tel État, chacun est fier d’appartenir à la patrie et chacun cultive l’esprit de paix.

La communication des consciences : la violence n’est pas seulement un problème d’État. La loi et la force publique ne suffisent pas pour la juguler. Chaque individu a son rôle à jouer. La réalité humaine dispose d’armes magnifiques qui exorcisent la violence. Nous sommes capables de dialogue, de sublimation de nos énergies agressives dans les jeux, dans la noble créativité ; nous sommes capables de compréhension, de solidarité, d’amour, d’amitié, de fraternité, de tolérance. Contrairement aux autres espèces animales, nous avons la possibilité d’éduquer nos enfants pour la paix, car l’humanité n’a pas vocation fatale pour la guerre.

Le mouvement de la non-violence : La non-violence est avant tout une sensibilité, une philosophie de vie. Elle consiste à dire que face à la violence, il faut répondre par un esprit de paix ; il faut opposer la rose, l’amour et le cœur aux baïonnettes et à l’épée. Par la non-violence, l’esprit affronte la force brute. Sur ce point, les hommes célèbres de la non-violence nous interpellent :
-Socrate : « je préfère subir l’injustice plutôt que de la commettre » ; clamait-il. Pour le sage grec, l’injustice, c’est la révolte contre les lois de la cité, la rébellion contre le pouvoir d’Athènes qui l’avait condamné à mort.
 Jésus : « qui règne par l’épée périra par l’épée » ; « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Pour le Christ, la loi de l’amour doit remplacer la loi de talion. Il faut aimer tout homme, y compris l’ennemi. L’esprit est plus fort que les puissances de la terre et l’amour transcende les forces de la guerre.
 Le stoïcisme peut être également considéré comme une philosophie de la non- violence. En effet, les stoïciens, depuis l’antiquité, prônaient l’apathie, l’absence de toute réaction passionnelle : « supporte et abstiens-toi ». Pour un stoïcien, la meilleure arme contre un ennemi, c’est la sérénité. Face à la violence du monde, il faut taire son cœur.
 Mahatma Gandhi : il s’opposa farouchement au racisme et au colonialisme anglais, non par les armes, mais par la non-violence. Son action, de non-violence, consistait en des grèves et manifestations pacifiques, des journées de désobéissance aux lois coloniales. « La violence est toujours la violence, et la violence est un péché », disait-il. Ailleurs, Gandhi s’explique : « Je m’oppose à la violence parce que lorsqu’elle semble produire le bien, le bien qui en résulte n’est que transitoire, tandis que le mal produit est permanent ». « La loi de l’amour gouverne le monde. La vie persiste en dépit de la mort ».
-Martin Luther King : il s’opposa à la ségrégation raciale en Amérique par la non- violence. Le pasteur Luther King rêva d’une société américaine de fraternité, d’égalité ; « nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères si non nous périrons ensemble comme des idiots », disait-il aux américains.
En somme, la non-violence nous apparait comme la noble solution morale que les sages ont proposée à l’humanité pour vaincre la violence. Elle exprime une force de caractère ; elle est l’expression de la grandeur de l’esprit humain ou de son inspiration par le divin. Socrate, Jésus, Gandhi, Luther King et bien d’autres, préférèrent tous mourir assassinés, plutôt que de prendre les armes de la terreur. Leur sacrifice est loin d’avoir été vain. Grâce au combat de tous ces illustres personnages de l’histoire, l’humanité est entrée dans une phase de son devenir, où le droit, la justice, l’aspiration à la paix, sont les normes de la vie sociale, contre la barbarie, l’injustice et les violences de toutes sortes.

ZassiGoro ; Professeurs de Lettres et Philosophie ; écrivain

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