Après l’avoir quittée en 1995, le Gabon est à nouveau de retour au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole à laquelle il avait adhéré en 1975.
Et espère en tirer profit au moment où le secteur des hydrocarbures traverse une grave crise.

« Nous sommes très heureux de confirmer le retour du Gabon dans l’organisation des pays exportateurs de pétrole. Dans les années à venir, nous allons résolument travailler avec le ministre et les acteurs du pétrole au Gabon ». C’est par ces propos que le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), le Libyen Abdallah Salem el-Badri a salué le 1er juillet, la décision du gouvernement gabonais de réintégrer ce cartel créé en septembre 1960. Le ministre gabonais du Pétrole, Dieudonné Etienne Ngoubou s’est de son côté réjoui du retour de son pays dans l’organisation qu’il avait quittée en 1995. « Nous croyons que nous pouvons être un membre actif et un partenaire profondément engagé dans les activités de l’Opep », a t-il déclaré. Le Gabon avait adhéré à l’Opep en 1975 avant de la quitter en 1995 pour protester contre la non-révision du montant de sa contribution à cette organisation dont la mission est de réguler la production et le prix de l’or noir au plan mondial.
Seul pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (Cemac) à adhérer à l’Opep, le Gabon figure parmi les petits pays producteurs au sein de l’organisation, environ 2% de la production totale. En 2014, sa production était de 219 607 barils/jour, contre plus de 300 000 en 2000. Selon certaines projections, la production pourrait encore chuter à 100 000 barils/jour d’ici 2025 si le pays ne fait pas de nouvelles découvertes à court terme. Faut-il y voir la principale raison du retour du Gabon dans l’Opep au moment où le secteur traverse une crise mondiale depuis 2014 avec une chute de 60% du prix baril ? C’est possible. Les propos du ministre Ngoubou à Vienne, siège de l’Opep, accréditent cette hypothèse : « Pour en optimiser les revenus, nous avons créé une société nationale des hydrocarbures que nous devons faire prospérer. L’expérience des pays de l’Opep pourrait être un avantage pour notre pays », a t-il expliqué. En revenant à la maison, le Gabon bénéficie de plein droit d’un quota de production garanti sur le marché mondial, donc des rentrées de devises assurées dans les finances publiques.
Reste que depuis plusieurs années, la cohésion au sein de l’Opep n’est pas la chose la mieux partagée. L’Arabie Saoudite refuse ainsi de respecter les quotas de production dont l’objectif est de stabiliser les prix, les Etats-Unis continuent l’exploitation du gaz de schiste et rien ne garantit que l’Iran, qui sort de longues années d’embargo ne voudra pas rattraper son retard.
Le pétrole pèse pour 32 % des recettes publiques et 65 % des exportations du Gabon. A partir du 1er août 2016, c’est le Nigérian Mohammed Barkindo, l’ancien patron de Compagnie nationale des hydrocarbures qui assumera pour trois ans le secrétariat de l’Opep, forte de 14 pays membres. (Algérie, Angola, l’Arabie saoudite, Équateur, Gabon, Indonésie, Iran, Irak, Koweït, Libye, Nigéria, Qatar, Émirats arabes unis, Venezuela)

Joachim Vokouma
Kaceto.net