En 2020, les Burkinabè de l’extérieur prendront part au scrutin présidentiel, une première dans l’histoire politique. Afin que ce rendez-vous soit un succès, le ministère des Affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabé de l’extérieur compte solliciter l’accompagnement de l’ONI dans la délivrance de la carte consulaire sécurisée, document qui pourrait servir officiellement pour voter

C’est une promesse du candidat Roch Kaboré, devenue un engagement après son élection. Promis, juré, craché : pour la première fois de notre histoire politique, les Burkinabè de l’extérieur vont pouvoir voter à la présidentielle de 2020. La mission incombe bien entendu à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), mais le vote de la diaspora préoccupe le ministère des Affaires étrangères de la Coopération et des Burkinabé de l’Extérieur. Le titulaire du portefeuille, Alpha Barry le rappelle sans cesse : sa tête est mise à prix sur ce dossier, ainsi que celle de la ministre déléguée chargée de de la coopération, et des Burkinabè de l’extérieur, Solange Rita Agneketom.
Comme ils veulent sauver leur tête, ils entendent mobiliser toutes les ressources pour que la diaspora prenne effectivement part au scrutin présidentiel de 2020 dans de bonnes conditions, c’est à dire un scrutin où chaque citoyen dans son pays d’accueil pourra accomplir son devoir citoyen, et que les résultats soient acceptés par tous.
La participation des Burkinabè de l’extérieur passe d’abord par leur identification au moyen de la carte consulaire, et ensuite leur inscription sur le fichier électoral. Mais qui va les identifier ? Dans certains pays comme la Côte d’Ivoire, cette tâche a été confiée à une société privée, mais le résultat n’est franchement pas à la hauteur des attentes. Non seulement, le délai de délivrance de la carte consulaire est long, mais surtout, sa fiabilité est plus que douteuse.
Les deux ministres en charge des Burkinabè de l’extérieur pensent alors à l’office national d’identification, un Etablissement public de l’Etat à caractère administratif, qui confectionne et délivre déjà les cartes nationales d’identité, les passeports ordinaires, mais aussi la carte du réfugié, la carte professionnelle des policiers, celles des agents du ministère de l’Environnement et les récépissés des associations.
Afin de s’informer sur les conditions de délivrance de millions de cartes consulaires sécurisées, viables, les deux ministres se sont rendus hier matin dans les locaux de l’Oni où ils ont pu voir de leurs yeux le processus de fabrication de la carte nationale d’identité et des autres documents officiels.

Dans la salle de production où officient environ 80 personnes, policiers et contractuels opérateurs de saisie compris, l’ambiance est studieuse. Le silence est totale, seulement perturbé par l’incessant Bip de l’enregistrement des codes-barres des dossiers. "Ce n’est pas forcement pour des raisons de voix mais c’est pour surtout d’abord donner des documents sécurisés à nos compatriotes à l’étranger pour qu’il soit identifiés correctement et qu’il n’y ait pas de désagrément quant ils traversent les frontières ou encore lorsqu’ils se déplacent dans les pays d’accueil", a expliqué le ministre". Autrement dit,a délivrance des cartes consulaires sécurisées va au-delà du scrutin de 2020, mais vise à doter nos compatriotes de de documents leur permettant de se déplacer en toute liberté, sans tracasseries dans les aéroports et autres portes d’entrée.
Le directeur général de l’Oni, Arsène Yoda s’est voulu rassurant, son établissement est bien capable de délivrer des millions de cartes consulaires sécurisées, tout comme les passeports CEDEAO, s’il est sollicité.
Selon le DG, avec les deux centres, Ouaga et Bobo-Dioulasso, l’ONI produit 7000 cartes nationales d"identité par jour au prix de 2500 F CFA. Pas plus. Avec le pèlerinage en vue des musulmans, la demande en passeport ordinaire soumet actuellement l’équipe à une cadence inhabituelle. "Nous faisons le maximum pour que les demandes soient traitées le plus rapidement possible", explique un officier de police. A Ouaga, le délai est de 24 heures, contre une semaine pour les localités comme Ziniaré et environ un mois pour des coins comme Bogandé. Les demandes sont transportées de provinces vers les deux centres (Ouaga et Bobo-Dioulasso) par Post’Eclair, un service de la SONAPOST. Dès réception de la demande, le document est d’abord introduit dans le circuit, puis passe à la saisie avant d’être transmis à la supervision, ensuite à la reconnaissance faciale où on procède à des croisements avec d’autres photos pour s’assurer qu’elle n’est pas déjà utilisée. Après impression, le document atterrit à l’assurance qualité, dernière étape où on vérifie qu’il est "propre" puis on le remet au demandeur.
"Avec ce que nous avons vu, nous croyons à la capacité de l’ONI à nous accompagner pour fournir à nos compatriotes un document biométrique sécurisé et c’était bien l’objectif de notre visite", s’est rassurée la ministre déléguée chargée de de la coopération, et des Burkinabè de l’extérieur, Solange Rita Agneketom.

Salam Sondé
Kaceto.net