Hier soir, dans l’émission "Controverse", quatre invités devaient débattre du thème de la Réconciliation nationale. Autour du journaliste Simon Gongo, étaient donc invités Sams’ K Le Jah du Balai citoyen, Georges Guiella du MPP, Yaya Zoungrana, député CDP et Amadou Traoré du parti Les Républicains, deux tous membres de la CODER. Initialement, c’était Ablasé Ouédraogo, président du parti Le Faso Autrement et Smokey du Balai citoyen qui étaient annoncés. Vu les polémiques que ses déclarations ont suscitées après la visite de la CODER à l’ex président Blaise Compaoré, Ablassé Ouédraogo a préféré décliner l’invitation au dernier moment.
Le plateau ainsi constitué de quatre invités venant d’horizons divers, on était en droit d’attendre effectivement une vraie "Controverse".

Mais dès le début de l’émission, un incident s’est produit lorsque Sams’K Le Jah a décidé d’entonner le Ditanyè, car selon lui, chez eux, c’est à dire au Balai citoyen, on chante l’hymne national avant de toute activité. Il se met donc debout et visiblement surpris par le geste de l’activiste de la société civile, le journaliste invite des mains les autres participants à en faire de même. Le représentant du MPP s’exécute, mais les deux autres invités restent assis et continuent de prendre des notes sur leurs calepins.
La séquence, bien entendu a suscité moult commentaires sur les réseaux sociaux, la majorité des commentateurs n’hésitant pas à dénoncer le manque de patriotisme des deux représentants de la CODER. A tort ! Car, dans cette affaire, c’est le journaliste qui a failli à son rôle de patron de l’émission. Au lieu de se laisser embarquer par Sam’s K Le Jah, Simon Gongo aurait dû fermement lui rappeler qu’il n’est pas dans la tradition de l’émission d’entonner l’hymne national avant chaque émission, et qu’il s’agit ici d’un débat sur une chaîne publique et non d’une réunion du Balai citoyen. Ce qui vient de se passer est un précédent fâcheux qui pourrait le mettre en difficulté. Que fera t-il par exemple si un invité lui demande de danser le Ditanyè sur un air de reggae ou de liwaga sous prétexte que c’est le rituel observé dans son association ? Ou d’énumérer à haute voix les chefs-lieux des 13 régions du Burkina après avoir rappelé les noms de tous les premiers ministres depuis 1960 ? Refuser serait injuste et discriminatoire et accepter serait, dirait l’autre, la porte ouverte à toutes les fenêtres.
Pour le fond du débat, il n’y a vraiment pas eu de "Controverse" puisque les deux représentants de la CODER n’ont pas été capables de donner un contenu argumenté et cohérent de leur démarche, ce qu’ils ont d’ailleurs reconnu. A vrai dire, on a eu l’impression que les deux "combattants" sont montés sur le ring sans véritable préparation. Ils ont ainsi pris le risque de brouiller le message de la CODER alors que ses premiers responsables font le tour des personnes ressources pour vendre l’idée d’un forum national de réconciliation. Pour Gorges Guiella, qui pouvait redouter des moments difficiles, ce fut plutôt une soirée tranquille au cours de laquelle il a défendu les positions de la majorité présidentielle, ralliant parfois à sa cause Sams’K Le Jah, celui-là même qui aurait pu le mettre en difficulté après que Yaya Zoungrana et Amadou Traoré aient renoncé à la "Controverse".

Salam Sondé
Kaceto.net