En dépit du renforcement des mesures prises par les autorités pour garantir la transparence des examens et la fiabilité des résultats, des correcteurs continuent de délivrer des notes de complaisance. Dans le « Jury Technique » de la région des Cascades, des notes pas très catholiques suscitent bien de soupçons .

Dans la région des Cascades, il se passe des choses pas très nettes, notamment dans le « Jury Technique » du baccalauréat. Des notes semblent avoir été artificiellement gonflées par des correcteurs résidents au profit de candidats venant d’établissements où eux-mêmes exercent la profession d’enseignant. Résultat, dans ce Jury où un seul correcteur n’est pas de cette localité, de nombreuses copies ont miraculeusement obtenu la note de 19/20, donc beaucoup d’admis dès le premier tour. Le même scénario s’est reproduit pour les candidats repêchés, ce qui a finit par réveiller les soupçons du président du jury. Lequel, selon une source locale, a demandé une double correction de toutes les copies évaluées par les correcteurs résidents. Grosse surprise, des écarts énormes sont constatés et des notes de 19/20 ont été ramenées à 11/20 à l’issue de cette double correction.
Mais le mal est déjà fait, les candidats ayant bénéficié de ces largesses au premier tour sont en train de fêter leur parchemin. Le président du Jury va-t-il tirer les conséquences de ces malversations en remettant en cause les proclamations des résultats du premier tour ? Rien n’est moins sûr même si les textes le lui autorisent. En effet, un candidat admis au Bac ne peut se prévaloir bachelier qu’après un délai de trois (03) ans sans qu’aucun recours ne soit intenté contre lui.
Ce qui ressemble bien à une fraude organisée dans ce Jury n’est pas nouveau. Chaque, année, des correcteurs de moralité douteuse attribuent des notes de complaisance, quand ce ne sont pas les épreuves qui se retrouvent dans les mains de certains candidats. Il faut dire que les faussaires ont l’imagination fertile pour déjouer le dispositif assez complexe mis en place pour assurer la transparence du Bac. Le choix des sujets est ainsi très surveillé, puis ils sont mis sous scellé en entendant la période des examens pour les acheminer dans les différents centres. Quant aux correcteurs, ils sont affectés hors de leur établissement ou localité d’origine. Les professeurs qui se seraient illustrés dans des malversations lors des sessions antérieures sont écartés des sessions ultérieures. Enfin, il y a le strict anonymat des copies et leur affectation pour la correction qui se fait également au hasard. En dépit de toutes ces précautions prises, d’où vient-il que des candidats obtiennent des notes de complaisance ?
En réalité, le taux d’affectation des correcteurs en dehors de leur établissement et localité d’origine est très faible, le budget alloué aux examens étant insuffisant et toujours source de tension entre syndicats d’enseignants et le ministère de tutelle. Des professeurs se retrouvent donc correcteurs dans leur propre localité avec une chance inouïe de tomber sur les copies de leurs élèves. Dans ces circonstances, seuls des correcteurs ayant une solide conscience professionnelle résistent à la tentation de favoriser leurs élèves dont ils reconnaissent parfois les copies.
Fort curieusement, la double correction, qui était systématiquement appliquée pour l’ensemble des copies au Bac dans un passé récent, est maintenant restreinte, pour des raisons budgétaires, à des situations où le président du Jury estime qu’il y a suffisamment de doute sur les notes d’un correcteur, ou qu’un candidat conteste une note obtenue dans une matière. Toutefois, les présidents de jury ne prennent pas toujours le temps de questionner les notes délivrées par les correcteurs pour appliquer le principe de la double correction en cas de doute. Des notes truquées passent ainsi entre les mailles du filet et une fois les résultats proclamés, il n’est plus possible de revenir en arrière.
Comment réduire à son strict minimum, à défaut de l’éradiquer complètement, la fraude lors des examens et concours ? Ils sont nombreux parmi les enseignants à plaider pour la mobilité d’au moins 50% des correcteurs hors de leur localité d’origine. Cela a un coût, mais c’est le prix à payer pour conférer une certaine valeur à notre premier diplôme universitaire. La deuxième double correction doit redevenir systématique, ne serait-ce que sur les copies ayant obtenu plus de 15/20 ou moins de 6/20. Reste que l’efficacité de ces mesures dépendra toujours de la qualité de ceux qui les appliqueront. Mais pour paraphraser Nietzche, de l’intégrité de l’homme burkinabè, mieux vaut ne rien dire.

Wendbenedo Zanguin,
Kaceto.net