Au Burkina Faso, la loi permet à une entreprise de signer des contrats à durée déterminée (CDD) renouvelable à souhait. Aucune protection donc pour le travailleur qui peut, après plusieurs années de service se voir remercier à la fin d’un de ses CDD sans autre forme de procès. Même ceux qui ont des contrats à durée indéterminée sont très faiblement protégés. Du coup, les licenciements sont légion et parfois sur un coup de tête du parton.

87 chauffeurs de l’entreprise KANIS International licenciés courant mars, manifestent pour leur réintégration et dans le même temps, l’hôtel Silmandé est fermé depuis quelques jours suite à des licenciements.

Licencier un travailleur est devenu banal pour l’employeur parce-que la loi du travail au Burkina est bancale. Quand on remonte aux origines du droit du travail, c’est une loi qui est sensée protéger le plus faible dans le contrat qui le lie au plus fort. C’est d’ailleurs ainsi que la loi du travail était conçue au Burkina. Cela permettait à l’employé en cas de licenciement de pouvoir initier une activité ou prendre soin de sa famille avant de retrouver un emploi.

Depuis la relecture de la loi du travail avec le gouvernement de Tertius Zongo en 2008, pour soit, parait-il attirer les investisseurs, on licencie à tout va au Burkina et l’employé se retrouve sans protection. Alors que les dommages et intérêts pour licenciements abusifs pouvaient représenter jusqu’à 5 ans de salaire, ils sont désormais plafonnés à 18 mois de salaire pour les plus chanceux.

Les CDD et contrats de stage qui débouchaient automatiquement sur un CDI au bout du deuxième renouvellement ne le sont plus. Les sociétés de placements sont devenues la règle avec des contrats de prestation sans protection sociale de l’employé.

Aucun autre pays en Afrique ne dispose de pareilles lois sur le travail. Le Mali, la Côte d’Ivoire, le Gabon, et le Sénégal pour ne citer que ces pays là protègent très bien les travailleurs face aux investisseurs. Même les pays comme la France ont refusé d’exposer autant les employés. Il faut se rendre en Inde ou dans une certaine mesure aux États Unis pour voir une loi du travail à la burkinabè, à la seule différence étant que dans ces pays, comme nous l’expliquait un patron d’entreprise indien vivant au Burkina, "dans le même immeuble, on peut mettre fin à ton contrat au 5è étage et en descendant au 3è étage, tu retrouves du boulot dans une autre entreprise". Le Burkina étant encore loin du plein emploi, l’État gagnerait à relire la loi du travail.

Le seul avantage que le Burkina gagne à exposer autant les employés à la précarité des travailleurs, c’est de recevoir les prix "doing business", chaque année qui récompense les pays qui libéralisent le plus et où il faut. Mais concrètement et contrairement à ce que Tertius Zongo avait annoncé, cela n’a pas créé plus d’emplois pour les Burkinabè qui connaissent un taux de chômage énorme mais surtout comme le souligne Bassolma Bazié, le Secretaire général de la Confédération burkinabè des travailleurs, des emplois précaires qui ne permettent pas aux jeunes de se construire.

Wendkouni Nazé
Kaceto.net