Le Syndicat autonome des Agents du Ministère des Affaires Etrangères (SAMAE) vient par cette tribune prendre l’opinion publique burkinabè à témoin face à la gestion actuelle du département en charge de la diplomatie. En effet, la gestion du département sous la conduite de Monsieur Alpha BARRY et de Madame Solange Rita AGNEKETOM/BOGORE n’est guère reluisante après plus de seize mois d’exercice. Pis, l’ensemble des agents assiste aujourd’hui à des comportements qui frisent le mépris.
1. De la non considération de la plateforme revendicative
En rappel, dans l’optique d’accompagner les autorités du Ministère à la réussite de leur mission, le SAMAE avait dès janvier 2016 élaboré un document qui faisait une étude diagnostic des tares qui minent le bon fonctionnement du département des Affaires Etrangères. C’est ainsi que dès la prise de fonction du Ministre BARRY, ledit document, dont une plateforme revendicative était annexée, avait été soumis à sa haute attention.
Monsieur le Ministre nous a, à l’époque, fait part de sa volonté de résoudre les problèmes de la maison dans les meilleurs délais. A cet effet, il a mis en place un comité de réflexion qui avait pour tâche (confère projet d’arrêté et lettre de convocation) de lui soumettre des propositions de solutions sur de nombreuses questions.
Le SAMAE, dans son esprit légendaire de dialogue, a accepté de prendre part aux travaux en dépit du fait que l’étude diagnostic qu’il avait commanditée récapitulait les différents problèmes tout en leur apportant des propositions de solutions. Après un travail du comité sus-évoqué qui a pratiquement pris plus d’une année, les agents du Ministère s’attendaient à jouir des fruits de ce long et dur labeur.
Sur une panoplie de questions examinées, notamment en ce qui concerne la commission d’affectations, la relecture des textes, le plan de carrière, le statut autonome, l’amélioration des procédures de départ et de retour des agents affectés ou en fin de mission, la valorisation de l’expertise nationale à l’extérieur, etc. seule la question de la mise en place de la commission d’affectations a connu une solution partielle.
Pis, contre toute attente, interpelé par le SAMAE sur la mise en œuvre des recommandations issues des travaux du comité, le Ministre BARRY opposera qu’il n’est pas lié par ces recommandations car, ajoute-il, il n’avait pas donné mandat à ses représentants d’évoquer toutes ces questions. Ces propos illustrent à souhait une mauvaise foi et un manque de volonté de l’autorité étant entendu que le comité a été mis en place par ses soins sans contrainte aucune.
En rappel, le comité était présidé par un représentant du cabinet du Ministre, en l’occurrence son conseiller technique. L’on y comptait également le secrétaire général, des directeurs généraux, des responsables des structures rattachées ainsi que des responsables de directions d’appui comme la Direction des Ressources Humaines. D’où la question de savoir qui, en dehors du Ministre BARRY, devrait être lié par les recommandations issues des travaux du comité ?
Pour notre part, la mise en place du comité de réflexion relevait du dilatoire et le fait pour le bureau du SAMAE d’avoir privilégié le dialogue avec Monsieur BARRY a tout simplement été interprété par lui comme un acte de faiblesse du syndicat. Face à cette attitude de l’administration, aux relents d’abus de confiance, le SAMAE tient à rassurer tous ses militants qu’il travaillera incessamment à corriger cet état de fait.
1. De la provocation et de la violation des textes
Comme si le Ministre BARRY voulait dégrader davantage le climat social déjà délétère, il lui a plu de proposer à la séance du Conseil des ministres du mercredi 03 mai 2017, la nomination, au titre du Ministère des Affaires Étrangères, de la Coopération et des Burkinabè de l’Extérieur, de Madame Bintou DIALLO, expert en développement international, en qualité de conseiller économique chargé de la coopération décentralisée près l’ambassade du Burkina Faso à Paris.
Le SAMAE dénonce avec la plus grande fermeté cette nomination qui n’honore pas notre diplomatie et qui viole avec flagrance les textes en vigueur. De cette nomination, les observations suivantes peuvent être faites :
  une nomination effectuée en violation des textes en vigueur
La nomination de Madame Bintou DIALLO est aux antipodes du décret N°2013-661/PRES/PM/MAECR/MEF/MFPTSS du 1er août 2013 portant organisation-type des missions diplomatiques et des consulats généraux du Burkina Faso qui, en son article 6, dispose que : « Le Service Economique et Commercial est dirigé par un Conseiller ou un Attaché Economique et Commercial. »
Il est chargé de :
 Traiter et de suivre les dossiers à caractère économique et commercial ;
 Œuvrer à la promotion des relations économiques et commerciales entre le Burkina Faso et le(s) pays de la juridiction ;
 Assister le chef de mission dans ses fonctions de promotion et de protection des intérêts économiques et commerciaux du Burkina Faso dans le(s) pays de la juridiction ;
 Fournir au chef du service politique et diplomatique de la Mission les informations nécessaires à la rédaction des rapports périodiques, annuels et à celle des programmes d’activités de la Mission ;
 Exécuter toutes autres tâches administratives confiées par le chef de mission ».
A la lecture de ces dispositions, il n’apparait nulle part que le conseiller ou attaché économique et commercial a pour mission de gérer les questions de coopération décentralisée. Cette nomination est d’autant plus incongrue que l’ambassade du Burkina Faso à Paris dispose déjà d’un conseiller économique et que son organigramme n’en prévoit pas un deuxième.
En rappel, le Conseil des ministres en sa séance du 24 juillet 2015 a nommé Madame Natalie SANDWIDI conseiller économique, près l’ambassade du Burkina Faso à Paris. Malgré la mention « chargé de la coopération décentralisée », la nomination de Madame Diallo constitue une violation flagrante du décret cité plus haut. En outre, la profession d’expert en développement international n’apparait nulle part dans les textes d’organisation des emplois spécifiques (TOES) des différents ministères. Ce nouveau poste n’est que pure création, taillé juste pour une personne.
  de la remise en cause des travaux de la Commission d’affectations
La mise en place de la Commission d’affectations que le SAMAE a appelé de tous ses vœux visait à réduire les injustices liées aux affectations et au surpeuplement injustifié des missions diplomatiques et des postes consulaires. Alors que la commission est en train de finaliser ses travaux, le SAMAE s’étonne que l’administration procède à la création de nouveaux postes dans des conditions opaques et qui nous rappelle des pratiques d’une autre époque que nous espérions à jamais révolues.
  de l’inconséquence de l’administration
Le SAMAE tient à interpeler le Ministre BARRY et à travers lui tout le Gouvernement burkinabè sur la nécessité de tenir compte et de valoriser les curricula de formation à l’Institut des Hautes Etudes Internationales (INHEI) grâce auxquels le département des Affaires Etrangères regorge aujourd’hui de spécialistes dans des domaines précis.
Au demeurant, l’Etat étant une continuité, il souviendra au Gouvernement que par lettre n°2014-043/PM/DIR-CAB du 03 juin 2014, Monsieur le Premier Ministre instruisait les responsables de départements ministériels et d’institutions à éviter les nominations de personnes ne relevant pas de la Fonction publique, à l’instar de Madame Bintou DIALLO, du fait du caractère irrégulier desdites nominations et des sérieuses difficultés qu’elles engendrent quant à la prise en charge salariale de ce type de personnel.
De même, aucune disposition de la loi n°081-2015/CNT du 24 novembre 2015 portant statut général de la Fonction publique d’Etat ne permet l’établissement de contrat de travail qui relève du code du travail. Les seules exceptions à ce jour concernent les présidents d’institutions, les ministres et les ambassadeurs liés à l’administration par des contrats de travail. En clair, le recours au contrat de travail doit être une exception qui concerne les personnalités ci-dessus citées d’autant plus qu’il ne repose sur aucune disposition des textes régissant la gestion des carrières des agents publics.
De ce qui précède, le SAMAE s’indigne de cette nomination qu’il considère comme nul et de nul effet. Nul besoin de rappeler que le Ministère en charge des Affaires étrangères est confronté à des difficultés financières dont il peine à en sortir. Le SAMAE ne saurait tolérer la promotion de pratiques tendant à aggraver une situation déjà suffisamment intolérable.
Le SAMAE opposera une résistance farouche à cette nomination et à toutes celles de la même nature illégale. D’ores et déjà, il décline toute responsabilité quant aux désagréments qui naîtront du fait de cette nomination, car au Ministère des Affaires Etrangères, l’heure n’est plus à la tolérance de telles pratiques.
Par ailleurs, le SAMAE invite l’ensemble de ses militantes et militants à se tenir prêt à répondre dans les jours qui suivent aux mots d’ordre qui leur seront communiqués et les appelle à se lever comme un seul homme pour barrer la voie à cette forfaiture.

« Ni partisan, ni courtisan, la cause est commune »

Pour le bureau national, le secrétaire général

Wendpanga Jean Didier Ramdé