C’est un procès à rebondissements que connait la Haute Cour de Justice sur la répression de l’insurrection populaire d’octobre 2014. Les anciens ministres étaient présents dans la salle d’audience, ainsi que leurs avocats conseils, ce lundi 15 mai. Ils avaient claqué la porte du tribunal lors de la dernière comparution le lundi 04 mai, étaient tous de retour avec les mêmes requêtes sur l’inconstitutionnalité de la Haute Cour de Justice. Un nouvel avocat faisait aussi son arrivée : Me Guy Hervé Kam.

« Nous avons saisi le Conseil Constitutionnel afin qu’il se prononce sur la possibilité pour les victimes de se porter partie civile au procès », dira Me Guy Hervé Kam en substance. « Je représente une partie des victimes » affirmera-t-il au président du tribunal. Me Guy Hervé Kam, comme ses pairs, réclame donc l’avis du Conseil Constitutionnel mais pas pour les mêmes raisons. A la fin de l’audience, il s’en est expliqué : « Nous pensions que les anciens ministres allaient reconnaître leurs erreurs et demander pardon, pour que l’on puisse aller à la réconciliation. Mais depuis le début du procès, ils démontrent visiblement qu’ils veulent pourrir le dossier en parlant de vice de droit, d’une loi qu’eux-mêmes ont mis en place ».

« Les anciens ministres n’ont rien fait de mal », soutient pour sa part Mathias Ouédraogo, le coordonnateur des associations de jeunes au sein de l’ancien parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Entouré d’une poignée de sympathisants de son parti, il affirme détenir des preuves que des leaders politiques ont instrumentalisé des jeunes en leur donnant de l’argent pour qu’ils fassent l’insurrection populaire. Ils estiment donc qu’un autre procès doit être fait contre ces personnes.

Tous les regards sont désormais tournés vers le Conseil constitutionnel. Après deux heures de suspension d’audience alors que la cour avait annoncé une heure, le président de la Haute Cour de Justice a décidé de donner suite aux requêtes des avocats en demandant l’avis des membres du Conseil Constitutionnel. Le Conseil Constitutionnel a donc un délai d’un mois pour dire si certains membres de la Haute cour de justice doivent être remplacés, et dire si c’est acceptable que les arrêts de la Haute Cour de Justice ne puissent pas faire l’objet d’appel, et enfin si les victimes peuvent se constituer partie civile ?. Pour l’instant donc, le procès est suspendu.

Wendkouni Nazé
Kaceto.net