Un tour dans les bureaux de vote de l’arrondissement 4 de Ouagadougou aujourd’hui suffit à convaincre ceux qui en douterait encore que la répétition a réellement une vertu pédagogique. Après avoir voté à plusieurs reprises ces dernières années, les citoyens burkinabè ont à présent assimilé les règles de l’expression citoyenne. Depuis 6 heures ce matin, munis de leur carte d’électeur et d’identité, les Burkina élisent les conseillers municipaux dans 19 commune, lesquels éliront en leur sein l’équipe municipale chargée de diriger la commune. L’opération dure à peine deux minutes chrono. L’électeur présente ses documents au président du bureau de vote, lequel vérifie qu’il a bien son nom sur la liste. Le bulletin de vote format A3 sur lequel figurent les 16 partis en lice, en main, il se dirige vers l’isoloir, trempe son doigt dans l’encre qu’il appose devant le parti de son choix. Il plie ensuite le bulletin et le glisse dans l’urne, puis signe et récupère sa carte d’électeur et d’identité. Sous le regard des représentants des partis politiques, du moins pour ceux qui en ont. Car certains partis n’ont pas pu trouver de représentant comme le prévoit pourtant le code électoral. « En fait, c’est une question de moyen, car il faut désintéresser ceux qui sont prêts à être les yeux et les oreilles des partis politiques. Il n’y pas de barème, chacun donne ce qu’il peut », explique un candidat au poste de conseiller. A ce jeu, les grands partis s’en sortent mieux avec parfois trois représentants quand certains petits se contentent d’un seul, qui parfois, est incapable de citer le nom exact du président du parti.

Jusqu’à midi, aucun incident n’avait été enregistré dans les bureaux de vote que nous avons visités dans les secteurs 17,18 et 19 de l’arrondissement 4. « Nous avons ouvert le bureau de vote à 6h pile ; tout le matériel était prêt et les gens ont pu commencer à voter », confie la présidente du bureau 1, Augustine Ouédraogo, où 417 électeurs sont inscrits. Même constat dans les autres bureaux de vote. Toutefois, dans le bureau 2 du secteur 18, le président du bureau Cyrille Zida note qu’il a manqué des chaises et des tables à l’ouverture, un incident mineur vite réglé, pareil qu’au bureau Complexe B du même secteur. Les services de sécurité déployés sur les lieux de vote assurent n’être pas encore intervenus pour régler un cas relevant de leurs compétences.
Si tout se passe bien côté organisation, tous les présidents de bureau notent le manque d’engouement des électeurs. « Ils viennent au compte-goutte et il n’y a vraiment d’affluence », constate Ido Eugénie Ouédraogo, présidente du bureau 2 où il y a 245 inscrits et à peine une trentaine de votants aux environs de midi. Au bureau 3, seulement 15 sur 107 votants avaient accompli leur devoir. « Comme il fait chaud, peut-être que certains attendent que la température baisse avant de venir ; ils ont jusqu’à 18 heures pour voter », relativise Dieudonné Bamogo, président de bureau de vote.
A 18 heures pile, les bureaux de vote seront fermés et les dépouillements pourront immédiatement commencer. Si tout se passe, les résultats au plan national seront rendus publics demain dans la journée. Commenceront les tractations pour la formation des bureaux des conseils municipaux.

Dans l’arrondissement 4 de Ouagadougou, la liste ODT conduite par Anatole Bonkoungou part favorite. C’est lui qui avait remporté les précédentes élections, mais une mésentente entre conseillers MPP n’avait pas permis la mise en place du bureau. Le NTD, qui était absent en mai 2016 présente cette fois-ci une liste et espère grappiller des voix aux partis de l’opposition (CDP, UPC, NAFA, ADF/RDA). « On espère que les électeurs vont accorder une majorité à un parti ou à une alliance et nous éviter le scénario catastrophe de 2016 », analyse un militant de la majorité présidentielle. Si cet arrondissement est âprement convoité depuis des années, c’est qu’il a des atouts considérables, principalement en matière de recettes fiscales, avec la zone industrielle de Kossodo qui relève de sa juridiction.