Nos réflexions antérieures sur la séduction ont balisé le terrain. Cela nous permet ici une certaine concision. Nos conclusions admettaient qu’il existe de la bonne séduction. Mais, qu’est-ce que la bonne séduction ? Existe-t-il même de bonne séduction ? Si ! Si ! La bonne séduction existe, et nous l’avons affirmé dans une de nos publications. Si le mal séduit, c’est que le bien peut séduire aussi. Si l’on veut même que le monde change de base, il faut bien qu’on le séduise. Ici, le plus important, c’est l’intention de la séduction. Les pacotilles de la terre, en nous séduisant, s’emparent de notre âme et étouffent notre vie. Elles émerveillent notre conscience au risque de la pousser vers les plus grandes désillusions. Sous cet angle, une conscience séduite est conscience perdue, une conscience aliénée, une conscience qui n’est plus soi. Mais les choses et les êtres nobles, tel le soleil platonicien, nous charment pour nous éclairer. Elles se montrent à nous telles qu’elles sont dans leur pérennité, leur vérité. Elles éclairent la conscience, l’illuminent et la libèrent de ses propres torpeurs. Le charme de la belle chose, l’attrait de la belle valeur, l’éclat de la belle vertu sont les sources d’énergie les plus puissantes pour toute conscience qui ouvre les yeux sur le monde.
La séduction est d’ailleurs aussi vielle que l’humanité. Le premier homme et la première femme, qui se séduisirent, posèrent aussi la première pierre de notre civilisation. Depuis eux, chaque humain œuvre à donner envie à l’autre de rester auprès de lui. Tout dépend alors des moyens mis en branle pour séduire les autres. Je ne trouve par exemple aucun inconvénient à ce que quelqu’un me séduise avec ses vertus, son courage au travail, son humanité, sa foi ardente, son altruisme et sa capacité à aimer. Si un beau regard revolver, une allure féline et une tenue angélique accompagne tout cela, je n’y trouverai aucun inconvénient, parce que, le monde est fait pour être embelli aussi. La créature de Dieu est faite pour être magnifiée, et non pour être avilie. Mais l’intérieur doit correspondre à l’extérieur. L’être doit être vu tel qu’il est et non tel qu’il apparait, comme dirait les philosophes. De ce point de vue ce n’est pas la chose sophistiquée qui est la plus séduisante mais la chose naturelle. En effet, la sophistication est une opération de trucage qui vise à surajouter de l’artificiel et de éphémère à la dimension permanente et essentielle des choses. Pour nous alors, les femmes les plus séduisantes de l’histoire, ce ne sont pas les stars d’Hollywood ; c’est plutôt Marie, mère de Jésus ; c’est Jeanne d’arc ; C’est Sogolon, mère de Soundjata Keita ; c’est Thérèse d’Avilla ; c’est Marie Curie ; c’est Simone de Beauvoir ; c’est Mère Thérésa ; c’est Guimbi Ouattarra ; c’est Yennenga ; ce sont toutes les autres qui leur ressemblent ou à qui elles ressemblent ; ce sont nos mères qui ont veillé sur nos premiers pas dans le monde, ce sont nos sœurs qui, partout sur la planète, sur un terrain ou sur un autre, se battent avec les hommes pour que notre humanité soit meilleure. Pour moi, la femme séduisante, c’est cette moitié d’un ciel bleu-clair tenu de l’autre coté par l’homme ; c’est cette étoile de chacun de nous qui scintille dans les cieux en harmonie avec la notre, et qui n’a point besoin d’apparents et d’entreprises volontairement séduisantes pour être vue et comprise.
Si l’on doit alors tirer la leçon de notre réflexion, nous retiendrons que le plus important pour chacun de nous, ce sont les valeurs morales et spirituelles ; c’est notre fidélité à ce que nous sommes réellement et en permanence ; c’est notre capacité à investir, dans nos relations, des vertus plutôt que des images passagères et bien souvent trompeuses. Etre soi, c’est être conforme à soi, c’est refléter ses idéaux, c’est donner au monde l’image la plus fidèle et la plus durable de soi.

Zassi Goro ; Professeur de Lettres et de Philosohie
Kaceto.net