Hier matin, la Place des Martyrs était bondée de monde. Des milliers de fidèles musulmans s’y sont rendus pour la prière marquant la fin du mois de jeûne. Peu avant 9h, il était difficile de trouver un bout d’espace pour poser son tapis de prière. Hommes et femmes étaient parés de leur meilleur tenue pour la circonstance. Pour les hommes, un djellaba blanc, un bonnet et des chaussures même couleur et pour les femmes, une tunique et un hijab. Les fidèles des deux sexes qui arrivent savent comment se placer pour la prière : les hommes devant, les femmes derrière. Pas de mélange. Surtout pas les femmes devant ; ça pourrait perturber certains croyants !
A 9h06, le grand imam de Fada, Kina Aboubacar, arrive dans une 4x4 escortée par des proches. Il porte un grand boubou brodé, la tête couverte d’un grand turban qui ne laisse apparaître que son visage. Les choses vont commencer. Le speaker demande aux fidèles d’éteindre leurs téléphones portables pour ne pas perturber la prière.

Les représentants des autres croyances sont aussi là : l’abbé Landry Yadgo, venu au nom de l’église catholique, son collègue protestant, des sœurs religieuses mais aussi le maire de la ville, Jean-Caude Louari et le secrétaire général de la région.
"Allahu Akbar", lance l’imam, (Dieu est grand), une formule reprise en chœur par les fidèles, qui s’inclinent front contre sol dans un silence absolu.
La première partie de la prière ne dure pas plus de cinq minutes. On annonce à présent le lecture en arabe du serment de la prière par l’imam ; ça devrait être le temps fort de ce grand rassemblement après un mois de privation et de partage. Un peu comme la lecture de l’évangile chez les catholiques. L’imam insiste pour que les fidèles soient attentifs. Mais, c’est peine perdue. A peine a t-il commencé la lecture que les enfants ont commencé à souhaiter bonne fête aux adultes et les soutirer quelques pièces. Beaucoup commencent à plier leur tapis et à quitter les lieux.
Dans le doua qu’il a prononcé, l’imam a demandé à Dieu de faire régner la paix au Burkina et que l’hivernage soit fructueux.
Signe d’une coexistence pacifique entre les religions à Fada comme dans le reste du Burkina, les représentants des autres confessions se sont rendus chez l’imam après la prière pour lui souhaiter bonne fête. "Ca se passe comme ça à chaque occasion ; à noël et à Pâques, les musulmans viennent aussi à nos côtés et nous souhaitent bonne fête", explique l’abbé Yadgo.
Fin de la grande prière Place des Martyrs (ex-Place de l’unité). Pendant ce temps, dans le quartier 6 Nord, sur une aire non délimitée, se tient une autre prière : celle des fidèle de la confrérie Tidjane. Ici, les fidèles sont moins nombreux, mais ils sont attentifs jusqu’au bout quand leur chef, le Moukadam, Tani Abdouramane à l’état civil, entame ses prêches.
On reviendra plus longuement sur cette confrérie qui n’a pas toujours bonne presse chez beaucoup de Fadalais qui lui reprochent son rigorisme dans la lecture des textes sacrés."Entre nous et ceux qui ont prié sur la Place des Martyrs et nous, c’est que nous sommes de même père, mais pas de même mère", explique le Moukadam.

Kaceto.net