Quels enjeux liés à la question des « enfants » peut-on identifier dans les titres des articles publiés par les sites Web d’information généraliste du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal ? Dit autrement, que mettent en scène les titres de ces articles quand ils évoquent le sujet des « enfants » ?

Pour y répondre, j’ai constitué, grâce à des outils avancés de recherche, trois ensembles significatifs de titres d’articles publiés dans les principaux sites Web d’information généraliste des trois pays.
Pour le Burkina Faso, les sites Web suivants ont été sollicités : lefaso.net, burkina24.com, fasozine.com, sidwaya.bf, lepays.bf, lobservateur.bf, news.aouaga.com, fasopresse.net, aib.bf, mutationsbf.net, journaldujeudi.com et bayiri.com.
Pour la Côte d’Ivoire : abidjan.net, fratmat.info, linfodrome.com, koaci.com, rumeursdabidjan.net, alerte-info.net, aip.ci, connectionivoirienne.net, ivoirebusiness.net et imatin.net.
Enfin, pour le Sénégal : seneweb.com, leral.net, dakaractu.com, aps.sn, carrapide.com, xalimasn.com, seneplus.com, sudonline.sn, lesoleil.sn, walf-groupe.com, lejecos.com, xibar.net, pressafrik.com et ferloo.com.

L’analyse du contenu des trois ensembles de titres révèle les principaux enjeux thématiques associés (voir graphique). De ces résultats, je voudrais pointer les singularités (les points distinctifs) suivantes :

1. Les titres des articles des sites Web de la Côte d’Ivoire sont ceux qui, à propos des enfants, évoquent le plus les enjeux liés aux « délits », « crimes », « violences » et à la « mort » : citons la vague d’enlèvements d’enfants et de crimes rituels en 2015 (phénomène qui a crée une psychose générale dans le pays), les trafics et viols d’enfants, le phénomène des enfants dits « microbes » à Abidjan (qui agressent et volent, souvent sous l’emprise de la drogue), etc.

2. Les titres des articles des sites Web du Burkina Faso se démarquent par une remarquable focalisation sur la question « du travail, de la traite et de l’exploitation » des enfants (exploitation sexuelle en particulier). On note que sur cet enjeu qui mobilise beaucoup de monde (politiques, associations, Ong, fondations, etc.), les titres des sites Web de la Côte d’Ivoire ne sont pas en reste. Ce n’est pas un hasard si dans le cadre de la lutte contre la traite des enfants un accord a été signé entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. En effet, ils sont nombreux les enfants burkinabè qui vont vendre, dans des conditions de vie et de salaire souvent déplorables, leurs forces de travail dans des plantations de café et de cacao en Côte d’Ivoire voisine.
Toujours au chapitre du travail des enfants, notons une autre singularité inscrite dans les titres des articles des sites Web du Burkina Faso, c’est l’évocation de la situation des enfants sur les « sites miniers » (sites d’orpaillage en l’occurrence). Situation face à laquelle le gouvernement de la transition avait demandé la mise en œuvre urgente du « programme de lutte contre le travail des enfants dans les sites d’orpaillage et carrières artisanales au Burkina-Faso 2015-2020 ».

On pourrait citer encore d’autres singularités, telle l’importante question des « mariages des enfants » ou celle des « enfants handicapés », toutes inscrites dans les titres des sites Web d’information du Burkina Faso.

3. Pour les titres des sites Web d’information du Sénégal, au regard de ceux du Burkina Faso et de la Côte d’ivoire, on peut dire que ce qui les distingue fortement, c’est la focalisation insistante sur la question des « enfants des rues, des « talibés » et autres « mendiants » en général. Question tellement préoccupante que le président sénégalais Macky SALL a fini par frapper un grand coup en annonçant en début juillet 2016 sur Twitter avoir ordonné le « retrait » d’urgence des enfants des rues sous peine de sanctions contre les parents fautifs. Il ajoutait que pour sauver les talibés, l’Etat prévoyait des « amendes et peines pour ceux mettant leurs enfants dans la rue ».

Ousmane Sawadogo
Expert-Consultant : Text Mining et Web Content Mining