Courses poursuites, gaz lacrymogène, arrestations, jets de pierres, etc., l’actualité est pour le moins chaude depuis ce matin à Saba. Entre Koglwéogos, leurs supporters et la police nationale, c’est la confrontation

Dégagez, on vous dit de dégager ! Les éléments de la police nationale, juchés sur un pick-up, ordonnent à un groupe de manifestants de se disperser au moment où un d’eux commence à expliquer à Kaceto.net les raisons de leur colère. Il a à peine entamé ses explications quand les policiers descendent de leur véhicule, et foncent sur la petite foule qui s’était formée. Débandade. Un des manifestants, torse nu, se fait coincer à l’angle du mur, cerné par trois policiers. Il reçoit des coups de matraque qu’il tente d’esquiver avant de se retrouver par terre. "Emmenez-le", lance un policier. Il est embarqué dans le véhicule à bord duquel se trouvait déjà un manifestant. Les éléments de la police se lancent à la poursuite des autres manifestants qui s’enfoncent dans le quartier, à l’intersection de la route de Fada et de Saba. Plus loin, des pneus sont jetés sur la route, créant un embouteillage et une pagaille en quelques minutes.
Entre les deux protagonistes, c’est le jeu du chat et la souris. A l’approche de la police, les manifestants se réfugient dans les coins qu’eux seuls connaissent, puis ressortent quelques mètres plus loin pour déposer à nouveau des pneus sur la voie.
Des sources signalent d’autres manifestations sur l’axe Ouaga-Kaya ; le passage serait bloqué sur la route nationale 4 à hauteur de Nagréongo.
Par ce mouvement général, les Koglwéogos entendent protester contre l’incarcération de cinq de leurs collègues par la justice le 28 juillet dernier alors qu’ils s’étaient rendus à une convocation du juge. Ils sont soupçonnés d’avoir "extorqué" 2 000 000 F CA à un certain Nikièma Bernard, alias "Tipson", l’ainé de Nikièma Jules, présumé coupable de vol de boeufs.

L’affaire remonte à 2013-2014 quand Kaboré Idrissa contacte les Koglwéogos de Goudrin, dans la banlieue Est de Ouaga, et leur demande de l’aider à retrouver trois de ses boeufs de race, qui auraient été volés. Les Koglwéogos activent leurs réseaux et mettent la main sur Jules Nikièma, lequel aurait reconnu les faits. On le somme de payer environ 3 000 000 F CFA, l’équivalent du prix des bovins. Incapable de s’acquitter du montant, son frère, Bernard Nikièma, agent immobilier, vole à son secours. Il se serait engagé auprès des Koglwépgos à tout payer la somme dans un délai de six mois. Il verse dans un premier temps 2000 000 F CFA, mais le reste tarde à venir. Le délai expiré, les Koglwéogos le relancent. En vain. Il aurait donné des rendez-vous qu’il n’aurait pas respectés. C’est à leur grande surprise que trois des leaders Koglwégos, El Adj Sini Inoussa, El Adj Kaboré Aassane et Kaboré Idrissa, reçoivent une convocation du juge, les invitant à se présenter au palais de justice à 8 heures d’abord, le 25 juillet, puis le 28 juillet. Ils s’y rendent accompagnés de leurs camarades. A l’audience, l’affaire est appelée en début d’après-midi au moment où certains sont allés à la prière du vendredi.
A leur retour, ils apprennent que les trois officiellement convoqués, plus trois autres Koglwéogos (Bonkéré Dieudonné, Kaboré Ousséni et Sakandé Ali) ont été conduits dans le bureau du juge. Ils ne les reverront plus puisqu’ils ont été déférés à la Maison d’arrêt et de correction de Ouaga (MACO).

Le même soir, ils apportent à manger à leurs camardes et apprennent, surpris qu’ils ont été déferrés pour extorsion de fonds, portant sur la somme de 2000 000 F CFA, autrement dit, l’équivalent de l’acompte versé par Jules Nikièma. "Nous ne sommes pas d’accord parce qu’on n’a même pas écouté nos camarades et nous ne savons pas pourquoi on les emprisonnent. Il faut qu’on les libère sinon, nous allons continuer la lutte", explique un Kogwlégo, les yeux rougis par le gaz lacrymogène.
L’affaire est donc loin d’être terminée.

Kaceto.net