La présente réflexion fait suite à notre propos sur l’égalité parmi les humains. Cependant, elle n’a pas pour intention de revenir sur ce vieux débat de l’égalité entre homme et femme. Pour notre part, nonobstant les graves discriminations toujours subies, dans la réalité, par la gente féminine, ce débat est théoriquement épuisé. Si la femme n’est pas supérieure à l’homme, au minimum elle son égal. Notre propos prend plutôt racine dans le constat qu’il existe, dans toutes les cultures, une identité féminine. La femme est égale à l’homme, mais la femme n’est pas l’homme. Il existe quelque chose qu’on peut appeler « la féminité ». Qu’est-ce que la féminité ? Est-elle une donnée naturelle, ou contraire, est-elle la résultante d’un processus d’apprentissage social ?
Les bases naturelles de la féminité
La féminité, c’est avant tout le genre féminin, le sexe féminin. Dans toutes les espèces vivantes, le sexe est là, présent et observable d’une manière ou d’une autre, à partir d’un certain stade de développement. Génétiquement déterminé, le sexe fait partie des données biologiques. Bien sûr, dans la nature, chez certains végétaux par exemple, l’individu est porteur, à la fois, de la fleur mal et de la fleur femelle ; ce qui préfigure d’ailleurs que les origines du vivant sont à chercher dans une sorte d’androgynie primitive. Dans tous les cas, nous constatons, aujourd’hui, que dans beaucoup d’espèces vivantes, la nature distingue le mâle de la femelle. C’est bien le cas chez l’homme. Tout humain est normalement conçu, soit mâle soit femelle. La conséquence de cette disposition naturelle va de soi : on est conçu femelle et on nait femelle.
La féminité renvoie également, à des caractéristiques bien précises dans chaque espèce. De constitution, le mâle et la femelle sont bien souvent d’anatomie et de morphologie différentes. Selon l’espèce, la femelle est tantôt plus corpulente, tantôt moins corpulente et tantôt semblable au mâle. Chez les oiseaux, c’est parfois une différence de plumage ou de crête qui permet de distinguer, à vue d’œil, le mâle de la femelle. Chez certains cervidés, c’est l’absence de cornes qui particularise la femelle. Dans l’espèce humaine, hormis la différence fondamentale entre les organes génitaux, la femelle présente, régulièrement, des dispositions morphologiques qui, dès l’âge de la puberté, distinguent la fillette du garçonnet.
En règle générale, les particularités anatomiques et morphologiques de la femelle sont renforcées et confirmées par une physiologie particulière. Dans toutes les espèces, la femelle est productrice du facteur féminin du germe de la vie. Chez les animaux supérieurs, la chose est plus complexe, mais le principe général est le même. D’une manière ou de l’autre, la femme abrite l’œuf de la vie, et le mal n’intervient que comme un facteur d’activation. Nos connaissances scientifiques nous permettent, de nos jours, de dire que la femelle est productrice d’hormones spécifiques qui la distinguent du mâle. La féminité, on devrait dire ici « la femelleté », sous l’angle biologique n’est donc complète que si, effectivement, les dispositions anatomiques et morphologiques se traduisent par une fonctionnalité féminine. Et c’est l’essentiel, car la morphologie, particulièrement chez l’humain, n’est jamais un critère très pertinent, parce qu’elle comporte trop d’exceptions. En effet, On peut rencontrer, tous les jours, des femmes qui ont un look d’homme et des hommes qui ont un look de femme.
En somme, être féminine, c’est d’abord posséder un substrat naturelle, c’est être biologiquement femelle. Ce terme « femelle » convient certainement mal à l’humaine
, parce que nous pensons, par anthropocentrisme, que nous sommes supérieurs aux autres espèces. Par ailleurs, nous avons toutes les raisons de nous élever au-dessus de tout ce que la nature présente. A l’échelle de l’humanité, la féminité est loin d’être réductible à « l’état femelle ». La féminité humaine est par excellence une valeur dynamique de civilisation, inventée, en transformation constante, et transmise de générations en générations, depuis ces temps immémoriaux qui virent naitre les premières sociétés de l’homo sapiens. Nous reviendrons, dans notre publication prochaine, sur cette dimension humaine de la féminité.

Zassi Goro ; Professeur de Lettres et de philosophie
Kaceto.net