En réaction aux propos prêtés au ministre d’Etat, ministre de la Sécurité Simon Compaoré apportant son soutien aux forces de sécurité qui ont infligé de mauvais traitements à un chauffeur routier, l’Union des chauffeurs routiers du Burkina a lancé un mot de grève illimitée à partir d’aujourd’hui. Le premier ministre Paul Kaba Thièba tente d’éviter le pire

"Vous n’avez rien à vous reprocher. Jusqu’à demain, l’autorité de l’Etat va s’affirmer. Vous avez notre soutien. Personne, je dis personne, ne sera arrêté parce que vous ne méritez pas d’être arrêtés. Si on doit vous embastiller, c’est moi d’abord et vous ensuite ». Selon nos confrères "Le Pays", ce sont des propos que le ministre d’Etat, ministre de la Sécurité Simon Compaoré aurait tenus aux forces de sécurité après le tollé soulevé par les images montrant des forces de sécurité en train de bastonner un chauffeur routier au poste juxtaposé de Cinkansé, à la frontière Burkina-Togo. Les violences exercées contre le routier seraient liées au refus de payer des taxes douanières et à un déficit de communication. En réaction, les chauffeurs routiers avaient observé une journée de grève, ce qui avait créé une panique dans la population qui s’est ruée dans les stations services de peur de manquer de carburant. Après une intense discussion, le ministère des Transports avait arraché un accord dans lequel le paiement des taxes a été reporté en septembre prochain. Les grévistes d’un jour avaient alors repris le travail, mais pas pour longtemps. Les propos prêtés au ministre Simon Compaoré ont choqué les transporteurs qui ont décidé en réaction, de lancer un mot d’ordre de grève illimitée sur l’ensemble du territoire. L’annonce a été faite aujourd’hui lors d’un point presse animé par le syndicat des chauffeurs routiers.

« Simon Compaoré nous a considérés comme des djihadistes », a lancé Rabo Brahima, le président de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB). Lui et ses camarades estiment que le ministre les expose ainsi à l’arbitraire des forces de sécurité et perd toute légitimité à discuter avec eux pour trouver une solution au différend qui les oppose. Ils exigent par conséquent d’avoir comme interlocuteur le président du Faso ou le premier ministre.
Aux dernières nouvelles, ils auraient obtenu gain de cause puisqu’ils ont été reçus cet après-midi par le premier ministre Paul Kaba Thiéba, venu en pompier pour tenter d’éteindre l’incendie allumé par le ministre de la Sécurité. Il a appelé "à l’esprit de patriotisme" des chauffeurs, vu le rôle central de leur activité dans l’économie burkinabè et a exprimé des "regrets au nom du gouvernement pour ce qui a bien pu se passer". Des mots d’apaisement que les représentants des chauffeurs ont bien apprécié et promettent de consulter leur base avant d’aviser sur la suite à donner au mouvement. « Nous allons nous référer à notre base, à qui nous allons soumettre les conclusions de cet échange. Et c’est en ensemble, en assemblée générale que nous déciderons de ce qui s’en suivra », a répondu Olivier Ouédraogo du l’UCRB.
Si la grève devait durer quelques jours, le risque est grand que les stations service soient en rupture de stock, ce qui aurait un impact direct, immédiat et désastreux sur l’économie nationale.

Georges Diao
Kaceto.net