Face à la crise qui secoue le PAREN due au manque de confiance de son fondateur, Laurant Bado à l’égard de son président actuel Tahirou Barry, un observateur de la vie politique conseille ce dernier de renoncer à mener la bataille judiciaire qu’il annonce vouloir mener. Et de se retirer du PAREN

Monsieur le Ministre, je me permets de me mêler de vos problèmes, et je vous demande de m’en excuser. En fait, je ne suis pas un homme politique,et je n’ai aucun rapport avec les politiciens. Ce soir du dimanche 06 août, je vous ai attentivement écouté sur le plateau de la télévision Burkina Info. Le dimanche passé, j’ai aussi suivi votre professeur et mentor Laurent Bado. Je ne rentrerai pas dans le fond du sujet qui vous divise. Je vous demande avant tout de bien vouloir m’excuser pour avoir choisi ce canal pour vous écrire. J’aurais du vous adresser cette lettre a travers un journal comme le quotidien qui publie bien souvent mes points de vue.

Mais, actuellement, je suis très occupe. Je travaille très dur sur mon prochain livre qui paraîtra bientôt, et je vous demande de bien me comprendre. Mes nuits comme mes journées sont occupées, et le temps matériel pour rédiger une lettre ouverte en bonne et due forme pour envoyer à un journal me fait défaut. Je suis jeune comme vous, et tout comme vous êtes au four et au moulin, je le suis moi aussi, même si je n’ai pas un poste ministériel. Vous savez très bien que notre jeunesse a d’énormes défis à relever et le temps d’un jeune conscient de ces enjeux ne saurait lui suffire. Je me suis aussi dit que vous êtes un aîné de quelques années, et que vous pourriez me comprendre. En fait, je me permets de me faire votre conseiller politique,et c’est en cette qualité que je vous adresse cette lettre. Je n’ai aucune expérience politique, j’ai seulement eu la chance que je passe la grande partie de mon temps à apprendre de mille manières et cela me donne quelques idées qui me permettent de me mêler aux débats politiques. Je n’ai aucun mérite en plus de cela.

Monsieur le Ministre, la crise qui vous oppose au Professeur est bien profonde. A vous entendre,vous semblez la minimiser ou la sous estimer. Et pourtant, cette crise politique au sein de votre parti pourrait avoir des conséquences graves sur le reste de votre vie, si vous ne la mesurez pas a sa juste portée. Nous sommes en Afrique. Et vous pensez qu’à travers le droit, vous trouverez une solution à cette crise. Je voudrais vous dire, qu’à vous entendre, le droit pourrait vous donner raison, mais je me demande à quoi pourrait vous servir cette raison. Votre intervention m’a beaucoup marqué, et j’ai beaucoup apprécié votre calme et votre sens élevé de la dignité et de l’honneur. Vous dites bien que vous allez résister, et c’est votre droit. Mais, je voudrais vous dire que c’est la guerre des perdants. Et quand dans une guerre, le vainqueur sortira perdant comme le vaincu, la raison voudrait qu’on ne la mène pas, car toute guerre coûte cher financièrement, moralement et matériellement, et on perd beaucoup de temps et d’argent en menant une telle guerre.

Reconnaissez avec moi, Monsieur le Ministre, que le PAREN semble être, au vu de son mode de fonctionnement, la propriété de votre professeur. C’est son parti, il en fait ce qu’il veut, car on n’a pas besoin d’une maîtrise en droit pour savoir que les règles de ce parti échappent a toutes les normes républicaines. Dans une vraie démocratie comme la France ou les États-Unis, un parti comme le PAREN ne saurait exister, car on dirait qu’il est anti républicain. Vous avez adhéré à ce parti, malgré ses principes qui ne grandissent pas la république et les valeurs démocratiques. Aujourd’hui, vous êtes mis devant cette dure réalité : accepter la volonté unique qui ne relève pas des règles de droit ou quitter le parti. Et vous pensez que les règles de droit pourrait résoudre ce problème. Je suis au regret de vous dire que la voie sur laquelle vous êtes vous causera plus de regret de de blessures de larme. C’est la raison pour laquelle, tout en reconnaissant votre chance de remporter le procès juridique, je vous demande de ne pas y aller. Vous sortirez gagnant et perdant.

Et la perte effacera votre victoire en une seule journée. La voie qui serait plus sage, Monsieur le Ministre, c’est celle de la réconciliation. Vous dites bien que le professeur n’est pas mauvais. Vous le connaissez bien. Alors, les bonnes personnes ne s’écartent pas pendant longtemps de la raison. Vous pourriez donc envoyer des amis, des hommes de confiance, pour lui demander de vous pardonner. Ce ne serait pas se rabaisser. Vous êtes son fils, et demander pardon, même si l’on a raison, c’est affirmer son humanité, et vous savez bien que le pardon est une valeur africaine. Toutefois, au vu du niveau de la crise, c’est la deuxième fois que le professeur vous accable publiquement de tous les maux et de tous les péchés, je me demande si une demande de pardon pourrait vraiment vous réconcilier. La crise est bien profonde, et la volonté du professeur de se débarrasser de vous est désormais plus que affichée. Si le pardon ne marche pas, Monsieur le Ministre, il ne vous reste qu’une seule voie qui pourrait faire votre honneur et vous permettre de sortir la tête haute tout en gardant votre dignité. Les noirs n’aiment pas cette porte.

Mais, je la trouve honorable, car comme vous dites, vous n’aimez pas la honte, et je prie Dieu de vous épargner de toute honte. La porte qui vous reste, c’est d’accepter le verdict, même illégal, de votre professeur et de quitter le parti. Vous garderez votre honneur et vous montrerez à tous vos ennemis que vous êtes bien jeune et que l’avenir pourrait vous réserver mieux. Je suis sûr que votre situation actuelle, le poste ministériel, ne vous facilite pas cette option, mais Monsieur le Ministre, vous êtes plus qu’un poste ministériel. Et je ne pense pas qu’on vous rencontrera dans les rues de Ouaga en train de demander de quoi vivre parce que vous n’êtes pas au gouvernement. De toute façon, c’est votre honneur et votre dignité qui sont en jeu. Et pour moi qui ne connais rien d’un poste ministériel, il n y a rien de mieux que l’honneur et la dignité. Personnellement, je trouve que vous faites beaucoup d’efforts dans votre ministère, même si vous êtes encore loin de la perfection.

Je suis un artiste membre du BBDA, et je sais pourquoi, j’apprécie votre présence a la tête du ministère. Monsieur le Ministre, de toute façon, le Professeur ne peut contraindre le chef de l’État à vous renvoyer du gouvernement. Et il pourrait vous garder contre le gré du professeur, vu votre dynamisme. Comme je vous ai dit, c’est la guerre des perdants, et s’il arrivait que vous partiez du parti, le PAREN restera sur l’échiquier politique, mais je me demande quel challenge ce parti relèvera aux prochaines élections. Votre départ, s’il n’affaiblit pas le parti, ne pourrait aucunement le rendre grand, soyez en sûr. Vous pourriez poursuivre votre carrière politique en créant un parti ou en allant dans un autre parti, si vous tenez tant a la politique. Voilà, Monsieur le Ministre, quelques conseils que je me suis permis de vous donner. Je vous demande bien de m’en excuser. Vous savez bien qu’en dehors du respect que nous nous devons, il n y’a aucun lien entre nous. Je ne suis que le conseiller d’une nuit. Je ne demande aucun salaire pour cela. Je n’en ai vraiment pas besoin. Je pense que ce que je gagne dans mon activité me permet de vivre dignement.
Recevez, Monsieur le Ministre, toutes mes sincères considérations. Puisse Dieu vous conduire sur la voie qui fera votre honneur.

De la part un jeune frère.
Adama Amade Siguire