Sans surprise, c’est le candidat sortant, Uhuru Kenyatta qui été déclaré vainqueur par la commission électorale, une victoire contestée par son challenger, Raila Odinga. Le pays va t-il à nouveau basculer dans la violence comme il y a 10 ans ?

Les résultats de l’élection présidentielle kényane de lundi sont tombés hier tard dans la soirée : sans surprise, c’est le président sortant, Uhuru Kenyatta qui a été déclaré vainqueur avec 54,27 des suffrages par la commission électorale kényane (IEBC), contre 44,74 % pour son principal adversaire, Raila Odinga, soit un écart de d’1,5 million de voix. Son parti, le Jubilee sort également vainqueur du scrutin en remportant 25 des 47 sièges des gouverneurs de comptés.

Une victoire bien évidemment contestée par le candidat malheureux et ses partisans réunis au sein de l’opposition, la Super Alliance Nationale (NASA). L’élection « est un désastre et une complète mascarade », a déclaré James Orengo, sénateur et bras droit de M. Odinga, quelques heures seulement avant la proclamation de la victoire de Kenyatta.
Dans ses premières déclarations, le président réélu s’est voulu rassemblant, soucieux de faire baisser la tension très palpable dans le pays dès la fin du scrutin. "Nous ne sommes pas des ennemis, nous sommes des citoyens de la même république », a-t-il déclaré, rappelant que « les élections vont et viennent. Mais le Kenya est ici pour rester". Un discours d’apaisement que ne veulent pas entendre les militants de l’opposition qui sont descendus dans les rues pour contester le vol de leurs bulletins de vote. Des affrontements ont été signalés dans des quartiers populaires de Nairobi, fiefs de l’opposition, et rappellent les violences de 2007-2008 qui avaient fait 1 200 morts et 600 000 blessés dans l’ensemble du pays.
Reste une question : Raila Odinga et ses partisans vont-ils déposer un recours contre la réélection de Kenyatta ? Vont-ils appeler les Kényans à descendre dans les rues comme en 2007 ? Pour l’instant, cette hypothèse semble peu probable pour deux raisons : d’abord, les traumatismes de 2007-2008 restent encore vifs et personne ne veut revivre ces scènes d’honneur et les massacres qui avaient valu au président Kenyatta une inculpation pour crime contre l’humanité par la Cour pénale internationale entre 2011 et 2014. Les poursuites avaient été par la suite abandonnées sous la pression des chefs d’Etats de l’Union africaine qui avaient menacé de quitter en masse la CPI. Ensuite, de nombreux candidats de l’opposition ont été élus gouverneurs de comptés et n’ont aucun intérêt à voir le pays plonger dans la violence.
L’investiture de Uhuru Kenyatta, 55 ans, pourrait avoir lieu le 29 août prochain si aucun recours n’est déposé contre lui.

Kaceto.net