Pour ceux qui ont eu la chance de survivre à l’attaque terroriste du 13 août 2017, il leur faudra réapprendre à vivre normalement. Pas si simple. Une équipe médico-psychologique installée à l’hôpital Yalgado les y aide

Suite à l’attaque perpétrée par le groupe terroriste ce dimanche 13 août sur l’avenue Kwamé Nkrumah et qui a fait 18 morts et une vingtaine de blessée, l’hôpital Yalgado Ouédraogo a mis en place une cellule médico-psychologique pour aider les malades souffrant de troubles psychiques. Kaceto.net s’y est rendu pour voir de près comment s’effectue la prise en charge des patients.
Selon les membres de l’équipe médico-psychologique rencontrés, " les images de ce drame viennent hanter la plupart des victimes sous forme de rêve ». Pour le directeur général du CHU Yalgado Ouédraogo, Bibia Robert Sangaré, le bilan des victimes reçues aux urgences traumatologiques et et viscérales se présente comme suit : vingt cinq (25) dont trois victimes touchées mortellement sur les lieux du théâtre de l’horreur ; une a succombé à ses blessures.
Les victimes prises en charge par la cellule médico-psychologique sont au nombre de douze (12), a-t-il notifié, et selon Lisa Tankouano de la cellule médico- psychiatrie, cette prise en charge vise à aider les malades atteints de blessures psychiques. "Notre objectif, c’est veiller sur les victimes et leurs familles afin d’éviter que ce drame n’ait pas de conséquences sur leur comportement et éviter le maximum de traumatisme de ces personnes, » a t-elle confié. Elle explique qu’on "pose des questions à l’individu pour qu’il mette des mots sur ce qu’il a vécu, comme si la personne relatait le film de ce qu’il a vécu. C’est une technique qui permet d’exorciser la douleur morale de la personne », poursuit Lisa Tankouano.

Il ressort aussi que les victimes vivent le traumatisme selon des degrés de gravité divers. Certains manifestent le traumatisme sur le champ pendant que chez d’autres, le traumatisme se manifestera ultérieurement (dans six mois peut-être). Mais la majorité des victimes vivent cela dans leur sommeil sous forme de rêve. "Souvent, les patients se mettent à crier durant leur sommeil ou se mettent soudainement à pleurer", une attitude tout à fait normale car, "on ne se remet pas de sitôt d’un tel drame"
Mahamane Touré, un des parents des victimes trouvé sur place, apprécie le travail de l’équipe médico-psychologique, mais pense que les résultats ne seront pas perceptibles de si tôt. "Je suis ici avec la femme de mon ami qui est présentement aux Etats-Unis" raconte t-il. "Elle a été touchée par une balle dans l’abdomen et une autre qui l’a frôlée au niveau du visage. Actuellement, elle est traumatisée et inconsciente. La nuit dernière, elle s’est réveillée soudainement, parlait mais elle ne disait rien que l’on puisse comprendre. La cellule mise en place s’active comme elle peut. On prie Dieu que tout ce passe bien "

Frédéric TIANHOUN
Kaceto.net