L’affaire Adja Divine, du nom de l’artiste musicienne violemment prise à partie par une foule en colère le 23 mai 2017, qui l’accuse d’être une voleuse d’enfants, avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Près de quatre mois après, les protagonistes de l’affaire ne veulent plus en entendre parler

L’affaire avait profondément choqué l’opinion et heurté les consciences. Le 23 mai dernier, dans le quartier Ouaga2000, une foule d’hommes ensauvagée entoure Adjaratou Diessongo, plus connue sous le nom de Adja Divine, une artiste musicienne, lui administre des coups, puis, pour mieux la punir, la déshabille, exposant sa féminité en plein jour. Son crime ? Les justiciers d’un jour en ont la certitude : elle est une voleuse d’enfants. Une accusation bien entendue dénuée de tout fondement.
Très rapidement, la mobilisation s’organise pour condamner le traitement d’une violence inouïe qui lui a été administrée. Le ministre de la Culture, puis son collègue de la Femme, de la Solidarité Nationale et de la Famille se rendent au domicile de la victime pour lui apporter le soutien du gouvernement. Dans les jours qui suivent, des manifestations sont organisées dans les rues pour dénoncer cette violence typiquement sexiste et demander au gouvernement que des mesures soient prises pour que de pareilles humiliations ne se reproduisent plus.

On apprend par la suite que Adja Divine a déposé une plainte le 24 mai contre la police et contre X, qu’elle accuse de l’avoir arrêtée et mis sa vie en danger en ne la protégeant pas contre la foule. L’Union de la police nationale (UNAPOL), le syndicat de la police, l’y encourage et annonce qu’elle se porte, non seulement partie civile, mais qu’elle attaque aussi en justice Adjaratou Diessongo pour refus d’obtempérer, diffamation, tentative de troubles à l’ordre publique.
Près de quatre mois après, Kaceto.net a voulu savoir où en est la procédure. On a alors appelé la victime et décliné l’objet de la sollicitation. Elle nous remercie et promet de rappeler. Les jours passent. Sans nouvelles. Las d’attendre, on la rappelle. Quand elle décroche et qu’on se présente, elle nous raccroche brutalement au nez, puis ne décroche plus. En désespoir de cause, on a appelé son manager. Lequel ne s’est pas non plus montré très coopératif. On a néanmoins appris que Adja Divine et son conseil ne veulent plus entendre parler de cette affaire. Du moins pas dans la presse.

Du côté de l’UNAPOL, son secrétaire général confie qu’il ne veut plus avoir à répondre de cette affaire. « Au moment opportun, la presse sera mise au courant », a t-il répondu quand on a insisté pour savoir la suite de la procédure. De la bouche des principaux protagonistes, on ne saura donc rien de cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Les deux parties auraient-elles trouvé un arrangement et décidé de mettre un terme à la procédure judiciaire ? Pourquoi Adja Divine, qui a bénéficie du soutien des associations féminines, des défenseurs des droits de l’homme, des artistes et autres professionnels de la communication, refuse t-elle de s’exprimer sur le dossier ? Pourquoi l’UNAPOL, qui avait annoncé son intention de porter plainte contre l’artiste pour "diffamation" s’emmure t-elle dans le silence ?
Autant de questions qui restent pour l’instant sans réponse. Car, Kaceto.net qui fait sien le combat contre les violences sexo-spécifiques reviendra sur cette affaire qui dépasse la personne de l’artiste Adja Divine.

Frédéric Thianhoun et Georges Diao
Kaceto.net