Le CDP apprécie très modérément la déclaration du MPP suite à la libération provisoire de l’ancien ministre des Affaires étrangères Djibril Bassolé. Et le fait savoir !

Le Bureau Exécutif National du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) vient de publier, en date du 11 octobre 2017, un communiqué pour condamner la décision de la Chambre de contrôle de l’instruction du Tribunal militaire de Ouagadougou, accordant la liberté provisoire au Général Djibrill Bassolé, inculpé pour des faits liés au putsch du 16 septembre 2015.

Cette déclaration appelle, de la part du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), les observations suivantes :

1 – Malheureusement pour le Burkina, notre parti est à peine surpris par la teneur stupéfiante et le ton incendiaire des propos officiels du MPP.

La tonalité véhémente de ce communiqué participe de l’hystérisation du discours politique, qui est devenue la marque de fabrique du MPP depuis quelque temps. Plutôt que d’inspirer des politiques efficaces et raisonnables au gouvernement pour régler les graves problèmes auxquels le pays doit faire face, ce parti, par la voix de ses plus hauts responsables, préfère multiplier les imprécations tous azimuts, donnant l’impression que le Burkina est livré aux mains de dirigeants atteints d’une paranoïa aiguë. Quand on est en charge du gouvernement d’une Nation en difficulté, on doit faire preuve de sang-froid, de discernement et d’esprit de responsabilité, en évitant d’exacerber inutilement les tensions. Le problème du Burkina aujourd’hui, ce n’est pas qu’une liberté provisoire ait été accordée à un prévenu, au terme d’une procédure judiciaire légale et régulière, fût-il le général Djibrill Bassolé. C’est l’insécurité permanente, la menace terroriste qui soustrait une partie de notre territoire de la souveraineté nationale, le sous-équipement de nos forces de défense pour faire face à cette situation. C’est aussi le délitement de l’autorité de l’Etat, le ralentissement dramatique de l’activité économique, la fuite des investisseurs, la cherté de la vie, etc.

2 – Quand on se proclame à tue-tête inventeur d’une nouvelle démocratie, à défaut de le prouver en prenant des mesures concrètes pour renforcer l’indépendance du système judiciaire, son impartialité et sa soumission aux règles de droit, nationales et internationales, on laisse la Justice faire son travail dans la quiétude. On ne se met pas à la vilipender et à essayer de l’intimider, en cherchant à monter les juges les uns contre les autres.

Nous-mêmes, au CDP, avons de nombreux motifs de critiquer l’existence et le mode de fonctionnement des juridictions d’exception auxquelles a été confié le traitement de plusieurs dossiers à caractère politique. Nous avons fait connaître publiquement nos réserves à ce sujet, sans menacer quiconque. Lorsque cela a été nécessaire, nous avons engagé des recours devant les instances compétentes pour faire valoir les droits des personnes mises en cause. Certaines ont abouti, totalement, ou partiellement. Nos parlementaires ont œuvré en faveur de la modification des lois que nous jugions incompatibles avec l’administration d’une justice équitable, avec plus ou moins de succès. C’est ainsi que les choses fonctionnent dans un Etat de droit, dans une démocratie en construction et dans un pays en quête d’une justice équitable. Nous sommes les premiers à dire que beaucoup reste à faire dans ce domaine. Mais la voie à suivre ne consiste certainement pas, comme le réclame le MPP, dans la négation des droits que la Constitution et les lois de notre pays reconnaissent à tous les citoyens, sans discrimination.

Le MPP et ses séides doivent cesser de prendre en otage la douleur des victimes des drames humains occasionnés par les troubles que le pays a connus, dont ils partagent la responsabilité. Ils doivent cesser également de faire croire qu’ils constituent la seule incarnation des aspirations et de la volonté du peuple burkinabè. Ce pays appartient à tous les Burkinabè.

3 – Enfin, étant un parti de gouvernement, supposé connaître les principes de l’Etat de droit applicables à cette situation, le MPP devrait se souvenir de deux règles élémentaires concernant la liberté provisoire qui a été accordée au général Djibrill Bassolé :

– la personne qui est sous le coup d’une inculpation est présumée innocente jusqu’à ce que la Justice en décide autrement ;

– même pour les personnes poursuivies et inculpées pour une infraction, la liberté est la règle et l’incarcération l’exception. C’est la juridiction de jugement qui seule peut condamner un citoyen à une peine formelle d’emprisonnement. Quel mal y a-t-il, dès lors, maintenant que l’instruction est achevée, à autoriser un homme malade à aller se soigner avant de faire face à la Justice ?

Avec cette déclaration, le MPP dévoile au peuple burkinabè son vrai visage. Celui d’un parti sectaire, obsédé par l’esprit de revanche et par la volonté de neutraliser ses adversaires potentiels dans la perspective des prochaines compétitions électorales, qui sont pourtant encore éloignées. C’est la logique de l’exclusion et de l’oppression contre toute opposition éventuelle, qui continue.

Vous vous dites « parti du Soleil levant » ? Nous et beaucoup de nos compatriotes voyons plutôt à l’œuvre le parti du soleil couchant, qui entraîne inexorablement notre pays vers les ténèbres. De grâce, cessez de vous agiter et mettez-vous au travail dans l’intérêt de la Nation. Vous vous ridiculisez et tout le pays par la même occasion.

Démocratie-Progrès-Justice

Le Chargé de la Communication du CDP
Hamadou Amadou MAIGA