La situation était très tendue mercredi dans les deux plus grandes villes du Togo - Lomé et Sokodé - alors que les manifestations contre le pouvoir prévues par l’opposition ont été interdites, ont constaté des correspondants de l’AFP.

Le centre de la capitale Lomé était bloqué et presque toutes les boutiques fermées à Deckon, le centre commerçant de la ville.

A Bé, le quartier historique de l’opposition, des manifestants et les
forces de l’ordre s’affrontaient depuis le début de la matinée. Gendarmes et militaires tentaient de disperser les barricades dressées par des groupes de jeunes hommes à coups de gaz lacrymogènes.

"Lomé est une ville morte", a constaté également Aimé Adi, directeur
d’Amnesty International pour le Togo, joint par l’AFP. "L’armée quadrille partout et il y a des petits groupes, que l’opposition
appelle des +miliciens+, qui dissuadent les gens de se rendre à la marche avec des gourdins", a-t-il ajouté.

L’opposition togolaise, qui organise des marches régulières depuis plus de deux mois contre le régime du président Faure Gnassinbé, avait appelé la semaine dernière à deux nouvelles journées de manifestations mercredi et jeudi.

Le gouvernement avait aussitôt interdit cet appel, annonçant qu’il
n’autoriserait plus les marches pendant les jours de la semaine, pour éviter les "violences" et les "dérives".

"Les points de rassemblement sont pris d’assaut par les forces de
sécurité", a déclaré Eric Dupuy, porte-parole de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC, opposition). "Nous allons marcher coûte que coûte malgré les intimidations", a-t-il assuré.

A Sokodé, fief du Parti National Panafricain (PNP, opposition), la
situation était "très tendue" mercredi matin, selon un habitant joint par l’AFP.

"Depuis 3h00 ce matin les militaires entrent dans les maisons, ils
bastonnent les jeunes pour qu’ils n’aillent pas manifester aujourd’hui", a-t-il raconté sous couvert d’anonymat.

"Nous sommes calfeutrés chez nous (...). Les jeunes fuient en brousse par peur de la répression", poursuit-il. Mardi, de violents heurts avaient éclaté à Sokodé après l’arrestation d’un imam proche du PNP, faisant quatre morts - deux adolescents et deux soldats
lynchés par la foule.

Les violences avaient ensuite gagné plusieurs villes du nord du pays,
nouveau foyer de la contestation.

L’opposition demande la limitation à deux du nombre de mandats
présidentiels et la démission du président Faure Gnassingbé, élu en 2005 dans la violence et héritier d’une famille au pouvoir depuis 50 ans.

AFP