Après Koupéla, Banfora et Gaoua, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina est allé installer la délégation consulaire régionale du Centre-sud. Prochaine étape : Fada et Dori

Effervescence dans la matinée du 14 octobre dernier à Manga, la cité de l’Epervier de Naba Kiba II, chef-lieu de la région du Centre-Sud. Sur la Place des fêtes, dans le secteur N°3, des tentes géantes ont été dressées pour y accueillir des personnalités venues de Ouaga et des trois provinces que compte la région (Zoundwéogo, Bazèga, Nahouri). Opérateurs économiques, autorités religieuses et coutumières ou simples curieux sont là. La police, présente en grand nombre, régule la circulation et oriente ceux qui arrivent. Des hôtesses installent les invités d’honneur. Tout est fin prêt et on n’attend plus que l’arrivée des officiels, en l’occurrence le président de la Chambre de commerce et d’industrie, Mahamadi Sawadogo dit Kadhafi et sa délégation, ainsi que le ministre de la Défense et des anciens combattants, Jean-Claude Bouda, un fils de la région. Tous ont fait le déplacement de Manga pour assister à l’installation des membres du bureau de la Délégation consulaire régionale (DCR), autrement dit, le patronat local. Après Koupéla le 15 juillet, Banfora le 22 juillet et Gaoua le 7 octobre, la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina (CCIBF) poursuit sa stratégie de déploiement dans les 13 régions afin d’apporter aux opérateurs économiques toute l’assistance technique dont ils ont besoin pour développer leurs affaires, et rendre viable le secteur privé local. Les prochaines étapes devraient être Fada N’Gourma et Dori.

A l’ère de la compétition mondialisée, l’informel n’a plus sa place. D’où l’urgence de doter les commerçants et les opérateurs économiques d’un outil visant à améliorer l’administration de leurs affaires dans une région qui ne manque pas d’atouts.
Avec une superficie d’environ 11 327 km², soit 4,1% de la superficie totale du pays, la région du Centre-Sud est limitée au Nord par la région du Centre, à l’Est par les régions du Centre-Est et du Plateau central, à l’Ouest par la région du Centre-Ouest et au Sud par la République du Ghana.
Dans le Plan régional de développement 2010-2014, on y apprend que le Centre-sud bénéficie d’une assez bonne pluviométrie (820 à 1000 mm de pluie/an), de 16 barrages à vocation agricole, 1732,29 ha de bas-fonds aménagés et 3 740,09 ha aménageables, et de cours d’eau naturels (bassin du Nakambé, du Nazinon et de la Sissili.)
Autres atouts, ses zones pastorales d’une superficie de 103 722 hectares (Sondré-Est, Luili-Nobéré, Niassa, Gaongo Sud et Guiaro), ses 78 parcs de vaccinations (13 dans le Bazèga, 20 dans le Nahouri et 45 dans le Zoundwéogo), ses marchés à bétail (Guelwongo, Kaïbo-centre, Kombissiri), ses forêts classées, notamment le Parc National Kaboré Tambi (PNKT) et le Ranch de Gibier de Nazinga et ses richesses fauniques (32 espèces de mammifères sauvages, 204 espèces d’oiseaux).
La région du Centre-Sud, héberge aussi six (6) sites aurifères (Nagrigré, Toula, Boungou, Kassiri, Yeléyelya et Tiébélé), des sites touristiques classés parmi les plus visités du Burkina (l’architecture kasséna de Tiébélé ; le pic du Nahouri ; le Ranch de gibier du Nazinga et le parc national Kaboré Tambi, le lac de Bagré (Rive droite), etc.
Sa position géographique constitue un avantage dans l’accès au marché ghanéen des produits burkinabè, comme l’a souligné le président de la CCIBF, avant d’annoncer l’arrivée prochaine du Centre de formalités des entreprises (CEFORE), du Centre de facilité des actes de construire (CEFAC) et du Centre de gestion agréé (CGA).
A en croire le ministre du Commerce, Stéphane Sanou, dont le discours a été lu par son collègue de la Défense, Jean-Claude Bouda, ces services ont vocation à faciliter « la création et l’installation des entreprises, l’accompagnement aux mécanismes d’incitation financière en passant par une assistance comptable ou la facilitation à l’accès à l’informatique économique ».
Tous les orateurs du jour, du maire de la Commune de Manga, Jérôme Rouamba au ministre du Commerce en passant par le président de la CCIBF et le président de la DCR l’ont souligné : l’ouverture de la représentation de la CCIBF est une bonne nouvelle pour les acteurs du secteur privé, qui disposent désormais d’un « interlocuteur institutionnel dans le cadre de la mise en œuvre de nos politiques de développement », dixit le maire.

Pour sa part, Apollinaire Compaoré, PCA du Groupe Planor Afrique et parrain de la cérémonie, a invité ses jeunes frères au « à la cohésion afin de relever ensemble le défi du développement de notre région qui, déjà, en 2018, devra abriter les festivités du 11 décembre ». Il a surtout insisté sur la valeur travail qui lui a permis, « d’être là où il est », lui qui a dû quitter son village natal, Kombissiri, pour Ouagadougou les mains vides, « contre la volonté de quelques membres de ma famille ». Message reçu par le président de la délégation consulaire régionale du Centre-Sud, Joseph Rouamba (1) : « Nous voulons rassurer la communauté des affaires que nous ne ménagerons aucun effort pour faire de la DCR, une institution de proximité pour le rayonnement du secteur privé local », a-t-il déclaré.

Après avoir lu le discours de son collègue du Commerce, Jean-Claude Bouda a enfilé l’habit du fils et leader de la région en improvisant un discours résolument politique, lançant des pics à ses adversaires : « les travaux de bitumage de la route Manga -Zabré vont démarrer d’ici fin octobre. Je vous le dis, c’est grâce au président Roch Kaboré que nous aurons ce goudron, et si quelqu’un vient vous dire le contraire, dites-lui qu’il ment », a-t-il lancé d’entrée, avant de révéler que Manga devait attendre 2021 pour abriter les festivités du 11 décembre, mais « nous avons bataillé pour que ce soit 2018 ». Il a promis qu’à cette occasion, 50 km de route seront bitumés, la construction d’une salle polyvalente et des logements sociaux pour les ressortissants.
Le lancement officiel des activités de la DCR fait aux environs de 11 heures, Jean-Claude Bouda et les autres personnalités se rendent à pieds pour inaugurer le siège régional de CCIBF flambant neuf, dont le représentant, Emmanuel Zoundi vient d’être nommé.
Géopolitique régionale oblige, les discours, entrecoupés d’animations musicales, ont été traduits dans les trois langues les plus parlées de la région, le mooré, le kasséna et le bissa.

Joachim Vokouma
Kaceto.net

(1) Composition du bureau de la délégation consulaire régionale
Président : Joseph Rouamba
Vice-président : Idrissa Rouamba
Secrétaire : Tangongossé Yamine
Membres : Béatrice Bouda ; Ousmane Ouédraogo, Albert Zangré