Mécontents d’une justice qui se hâte lentement dans le traitement des dossiers de crimes commis lors de l’insurrection populaire et du putsch de septembre 2015, des milliers des milliers de Burkinabè sont sortis hier pour exprimer leur colère quant au fonctionnement de la Justice

A l’appel du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), de l’Association des familles des victimes de l’insurrection populaire et putsch de septembre 2015, du Comité de défense et d’approfondissement des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP), de l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ), de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB), la Coalition contre la vie chère (CCVC), le REN-LAC, la CADDEL, l’AJB, le SYNAMUB, etc., une marche-meeting a été organisée hier 4 novembre à Ouagadougou entre la Place de la nation et l’ex-Assemblée nationale. Des milliers de Burkinbè ont battu le pavé pour réclamer que justice soit faite sur les nombreux dossiers de crimes de économiques et sang et que les auteurs du putsch de septembre 2015 soient arrêtés et jugés.

En tête de cortège, on trouvait les familles et parents de victimes des martyrs de l’insurrection populaire et du putsch manqué ainsi que les responsables des organisations citées plus haut, dont le président du MBDHP, Chrysostome Zougmoré, Bassolma Bazié, président de l’Association des parents des vitimes de l’insurrection, le président de l’ASCE/CL, Luc Marius Ibriga, Harouna Kaboré, président du Le Faso d’abord. Sur les banderoles, les slogans fusaient : « vérité et justice pour nos martyres ; vérité et justice sur les crimes de sang » ; « Blaise Compaoré, en prison ; Roch Marc Christian Kaboré, en prison ; Simon Compaoré, en prison ; les magistrats corrompus, en prison ».
Partie de la Place de la nation, la foule arrive enfin devant ce qui reste de l’ex assemblée nationale sous un soleil brûlant. C’est le président du MBDHP qui prend la parole. « Camarades, il y a de cela 3 ans et 4 jours, le 31 octobre 2014, ici même en ces lieux symboliques, notre vaillant peuple a franchi une étape importante dans sa marche irréversible pour son émancipation politique, économique et sociale. Il a réalisé une insurrection populaire mettant fin à 27 années de règne de Blaise Compaoré et son régime. Ici et sur l’ensemble du territoire, les enfants du peuple ont sacrifié leur vie pour sauver la dignité de l’homme burkinabè. Les 30 et 31 octobre, le prix à payer fut lourd, une trentaine de mort tombée sous les balles assassines, des centaines de blessés, des familles endeuillées, une nation meurtrie. Comment donc ne pas s’indigner que trois années après, nos autorités politiques et judiciaires jouent à saute-mouton sur la vérité et la justice pour nos martyrs et qu’elles soient incapables de nous dire aujourd’hui qui a donné l’ordre de tirer et qui a tiré sur nos dignes filles et fils ? Non,cela n’est pas acceptable. Nous patriotes, avons un impérieux devoir d’honorer la mémoire de nos camarades tombés afin que leur sacrifice ne soit pas vain », a lancé Chrysostome Zougmoré.

Après ce discours fort applaudi, retour à la Place de la nation pour le meeting, où les représentants des associations de victimes de l’insurrection populaire et du putsch se sont succédés pour exprimer leur colère contre cette justice qui traîne le pas sur les nombreux dossiers de crime de sang. Ironiquement, ils disent que c’est plutôt "le président Roch Marc Kaboré qui a fui se réfugier en Côte d’Ivoire et que c’est Blaise Compaoré qui serait toujours au pouvoir ».
Pour le président de l’Association des parents de victimes du coup d’état, Bazié Bassolma, « l’insurrection populaire a été trahie, et si nous sommes dans la rue, c’est parce que nous avons espoir que les choses soient résolues, et c’est pourquoi nous demandons des solutions structurelles à des problèmes structurels ». Le président du MBDHP a averti le gouvernement qu’il ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin quant à sa quête de justice pour les martyrs de l’insurrection et du putsch manqué. Pour ce faire, le MBDHP rassure ces militants que dans les jours à venir d’autres marches seront organisées si rien n’est fait.

Frédéric Thianhoun
Kaceto.net