Pour l’auteur de la Tribune ci-contre, ce sont les ambitions présidentielles de Djibril Bassolé qui lui valent les soucis qu’il endure depuis la création de son parti

Pourquoi nie-t-on que la NAFA est un prisonnier politique depuis sa création ? Continuons donc de nier l’évidence ! Tout cela a ceci de bon que l’injustice crée chez les hommes de cœur, une détermination extraordinaire et le sentiment fort d’appartenance à une communauté de brimés, une communauté de causes justes.

Le parti de DjibriLl Bassolé est né dans la douleur et l’oppression. Ce parti est né après avoir fait le tour des commissariats et des postes de gendarmerie de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso tel un homme condamné à mort avant d’avoir vu le jour.

Les membres fondateurs de ce parti avaient pour ambitions d’apporter leurs pierres à l’édification d’un Burkina post insurrectionnel. Ils ont été accueillis par la haine des gouvernants du moment. Pourquoi donc ?

AWA Traoré est morte à Bobo. Sita Ouattara a passé des moments terribles en prison loin de sa fille qui avait tant besoin d’elle. Rasmané Ouedraogo, l’ex- président du parti a connu les cellules du commissariat de Dagnoën où il se soulageait dans des bouteilles d’eau minérale.

Qu’avions nous fait ?

Rien ! Sauf que le nom Djibrill Bassolé collait à la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA) telle la négation de l’existence politique de l’homme. Or, lors de l’insurrection populaire, il a déployé tout son talent de diplomate chevronné pour qu’il n’y ait pas de perte en vie humaine du fait de l’armée lors de la prise et l’incendie de l’Assemblée nationale.

Pourquoi alors continuer à nier que les forces du mal, tapies au sein de la transition, l’avaient condamné à mort ?

Prisonnier politique, il l’est. Il l’est d’autant plus que quelle que soit l’infamie qui frappe un homme, il a droit aux soins. Djibrill Bassolé, lui n’a pas droit aux soins malgré l’abandon de la quasi totalité des charges relatives au coup d’Etat.

Pour quel motif ? Il ne reviendra plus si on le laisse quitter le territoire. Soit ! Mais raisonnons tout simplement.

Il a quitté le territoire national et refuse de venir répondre à la justice. Il sera jugé par contumace et condamné. Un mandat d’arrêt international sera lancé contre lui. Il sera traqué. Il ne pourra plus faire valoir ses compétences à l’international. Il sera frappé par la pire des infamies, l’apatride.

Tout ça n’a pas de sens. Le pire sera pour les membres de sa famille restés au pays. Que dire alors de ses partisans qui se sentiront trahis par leur champion après ce combat au coude à coude qui lui a valu un pied dehors et la décision finale du groupe de travail de l’ONU qui est en route.

Laisser le prisonnier politique Djibrill Bassolé mourir à petit feu dans sa cellule de Ouaga 2000 est absurde. Je le vois souvent. Il n’est pas bien.

Mettons en exécution les termes initiaux de sa mise en liberté provisoire. Laissons le aller dans un premier temps ne serait-ce que pour un mois circonscrire son mal. Il reviendra chez lui ensuite.

Être président du Faso n’est pas une fin en soi. Servir son pays par contre est un sacerdoce pour nous.

Djibrill fera face à son destin ou nous irons le chercher nous mêmes. Par contre, nous considérerons comme un assassinat s’il lui arrivait malheur dans votre prison.

Mamadou Benao

sergebenao@yahoo.fr