Sortis manifester leur soutien à leurs professeurs en lutte pour l’amélioration de leurs conditions de travail, des élèves de Titat, dans le Sanguié ont été violemment réprimés par les forces de l’ordre de sécurité. Un collectif de syndicats de l’éducation nationale s’en indigne !

C’est avec consternation et indignation que la coordination des syndicats de l’éducation du Centre-Ouest a appris la répression violente et barbare d’un autre âge que les forces dites de l’ordre ont abattu sur les élèves en lutte dans la commune rurale de Pouni, précisément à Tita dans la province du Sanguié le mardi 05 décembre 2017. L’escadron venu pour semer la terreur au sein des élèves et des populations de la localité était constitué d’éléments de la compagnie républicaine de sécurité(CRS), de la gendarmerie, de militaires et d’agents des eaux et forêt. En rappel, les élèves de Tita, à l’instar de leurs camarades des autres localités du pays, organisent des manifestations pacifiques pour exiger un examen sérieux de la plateforme minimale de leurs enseignants par le gouvernement et la reprise des évaluations suspendues jusqu’à la fin du trimestre.
C’est donc dans ce climat de mécontentement, que les élèves ont décidé un tant soit peu d’occuper la route nationale N°1 pour, selon eux, prendre l’opinion publique à témoin non seulement sur les difficultés qu’ils vivent, mais surtout pour exiger que le gouvernement trouve diligemment des solutions aux préoccupations de leurs enseignants. C’est au moment où ils quittaient les lieux que l’escadron des forces conjointes (CRS, Gendarmerie, Militaire et Paramilitaire) a fait irruption pour soit disant dégager la voie. Alors que les élèves s’apprêtaient déjà à le faire en respectant le temps qu’ils avaient prévu pour l’occupation de ladite voie. S’en est alors suivie une répression féroce et aveugle, puis une course poursuite dans le village n’épargnant ni élèves ni populations.
Dans cette chasse à l’homme, le mot d’ordre était de disperser tout regroupement. C’est ainsi qu’une collègue du nom de Mme YAMEOGO/OUEDRAOGO Catherine, professeur de Maths-SVT en a pris pour son compte en essuyant des injures de toute sorte, après une gifle retentissant à sa joue. Le péché originel de Mme YAMEOGO/OUEDRAOGO Catherine, selon les FDS, c’est de leur avoir demandé si l’on n’était pas dans un Etat de droit pour subir pareille barbarie. Ces forces dites de l’ordre se sont acharnées sur la collègue parce qu’elle a accepté accueillir les élèves fuyards dans sa cour. Non contents d’avoir violé son domicile, les forces composites lourdement armées ont violemment molesté la collègue. En plus de l’agression physique dont elle a fait l’objet, sa famille a subi un grand traumatisme au point que son bébé jusqu’à présent continue d’en manifester des séquelles (des cris stridents au cours de la nuit). La pauvre dame sans défense se rendit immédiatement à la gendarmerie de la ville pour déposer une plainte.

Malheureusement, la plainte fut jugée non recevable par les agents sur place au motif que les forces étaient un grand mélange de corps d’armes difficiles à identifier. La seule réponse claire qu’elle a pu recevoir de ces agents de la gendarmerie, c’est de se référer, s’il elle le souhaite, au parquet de Koudougou.
A cela s’ajoute, l’agression par la même cohorte de militaires et paramilitaires du camarade ZONGO Bélibi, enseignant à l’école primaire Tita’’C’’, sorti de chez lui pour s’enquérir de ce qui se passait. Sous le fallacieux prétexte qu’il les filmait, il a lui aussi été roué de coups bien qu’il leur ait présenté son portable pour vérification. Après avoir consulté sa carte nationale d’identité où il est fait mention de sa profession d’enseignant, ses bourreaux l’ont criblé de coups de matraque en se défoulant en ces termes : « Ce sont les enseignants qui manipulent les élèves ». Blessé à la tête, il s’est rapidement rendu à l’hôpital pour des soins après avoir vu son portable brisé et la carte mémoire emportée.
Munis de poignards, de matraques, de gaz lacrymogènes et d’objets contondants, les chasseurs d’un autre genre ont également détruit des vélos, éventré des pneus et déformé des jantes. A l’analyse, cette répression a été commanditée comme pour donner un signal fort aux autres élèves du Burkina Faso en lutte pour soutenir le personnel de l’éducation. Le bilan de la furie de ces forces coalisées en mission fait état de huit(08) blessés graves et de nombreux vélos d’élèves détruits et jetés dans le barrage. La coordination rappelle que le droit de manifester est consacré par notre constitution. C’est pourquoi elle :
 Salue la prise de conscience par les élèves de leur avenir ;
 condamne avec véhémence cette violence inouïe, gratuite et disproportionnée exercée sur les élèves et le personnel de l’éducation que rien ne saurait justifier ;
 exige toute la lumière sur cette barbarie d’un autre âge ;
 souhaite prompte rétablissement aux blessés ;
 reste solidaire de la lutte des élèves pour une école de qualité et accessible à tous.

Ont signé pour les organisations syndicales :
F-SYNTER SYNATEB SNEA-B
Bagnimbié BAMA, Jean Kofi RAMDE, Issa ZOUNGRANA,
SNESS SYNTAS SYNAPAGER

Zacharia SEMDE Isidore BAYALA, Oumarou COULIBALY,

SATEB SNEP/PD
Joël YAMEOGO, Mme Agnès YAMEOGO.