En tournée de reportage dans la région, Kaceto.net a fait escale dans la cité de Sya, précisément dans le quartier Kuinima, réputé héberger en son sein le marigot aux silures sacrés.

Chaque jour, des gens y viennent en grand nombre, parait-il, pour faire des sacrifices aux dieux afin qu’ils exhaucent leurs vœux ou encore pour les remercier d’avoir écouté leurs prières. Votre serviteur s’est entretenu avec le chef de Kuinima qui se trouve aussi être le premier responsable des rites traditionnels du marigot.
Si dans d’autres villes, il y a des caïmans sacrés, la ville de Sya a ses silures sacrés que les habitants de Kuinima vénèrent. D’après Dembélé, comme il se fait appeler, chargé de l’entretien du marigot, c’est environ 178 hommes et femmes qui défilent chaque mois pour faire des sacrifices aux dieux. Ils y amènent souvent des poulets, des bœufs ou encore des moutons qu’ils égorgent au bord du marigot en guise d’offrandes.
Toujours selon lui, après les sacrifices, certaines personnes reviennent dire avoir obtenu ce qu’ils demandaient et veulent savoir comment manifester sa gratitude.
C’est le chef de Kuinima qui sait exclusivement le rituel recommandé pour faire des sacrifices dans le marigot et il est agacé que des gens prétendent posséder le même savoir que lui. "Ce marigot est bénéfique pour nous tous. Mais les particuliers qui viennent égorger des poulets et des moutons ici soit disant qu’ils font des sacrifices, ce sont tous des menteurs et des voleurs. Comment toi qui n’a aucune notion de quelque chose, ose venir y faire des rites ? " interroge t-il, avant de poursuivre : « Quand tu fais un sacrifice dont tu n’as aucune notion, le sacrifice ne sera ni bénéfique pour toi, ni pour ta famille. Lorsque vous arrosez une plante, c’est pour que celle-ci vive, mais si à chaque fois vous venez couper les feuilles de cette plante et vous ne l’arrosez pas, il va de soi qu’elle meurt. C’est pour vous dire comment la vie regorge de mystère. Ce marigot, nous sommes nés le trouver et si ce n’est nous, personne ne connait les mystères qui sont autour. C’est nous qui savons comment on fait des sacrifices ici, à quelle période et dans quelle partie du marigot il faut les faire. Même l’eau du marigot, seul le chef du village sait d’où elle vient », a-t-il confié.
Quand on essaie de pousser loin la curiosité pour en savoir un peu plus sur les rites qui y sont pratiqués et comment s’y prendre, le chef botte en touche, sourire aux coins des lèvres. A l’interlocuteur de comprendre que "les secrets, ça ne se divulgue pas".

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net