La femme baobab
Tendre fileuse des lambeaux du temps
Elle couve la vie, une fois et toujours
Elle donne le jour, deux fois et toujours

La femme baobab
Maigre ruisseau charriant la sève vigoureuse
Elle adoucit la vie, trois fois et toujours
Elle soulage les peines, quatre fois et toujours

La femme baobab
Femme aux mille bras
Sur la crête et les aspérités
Elle anime la maisonnée, cinq fois et toujours
Elle vivifie le village, six fois et toujours

La femme baobab
Force subtile qui dissipe les angoisses
Elle soigne l’enfant, sept fois et toujours
Elle excuse l’homme, huit fois et toujours

La femme baobab
Infatigable gardienne du bois sacré
Elle guérit plaies et bosses, neuf fois et toujours
Elle chante l’amour qui brûle,
Elle enchante par ses pleurs, dix fois et toujours

La femme baobab
Accomplissement sans fin des choses
Son ventre garde les éternels secrets de la savane
Son chant porte le message des esprits de la forêt
Ses mains exécutent l’immuable programme des dieux

Les calmes matins comme les nuits agitées
Aujourd’hui et demain
Encore et toujours
Mille fois et toujours

Sayouba Traoré
Journaliste ; Ecrivain