Tombés durant l’attaque terroriste de ce 02 mars, les 08 soldats ont reçu un hommage national avant leur mise sous terre hier 07 mars au cimetière municipal de Gounghin. (1)

C’est sous un soleil de plomb que parents, amis, proches, autorités politiques, coutumière et religieuses sont venus rendre un dernier hommage aux soldats morts lors du double attaque terroriste du 2 mars 2018 contre l’état major des armées et l’ambassade de France. Il était environ 15h quand le porte char transportant les 8 cercueils recouverts du drapeau national est arrivé au cimetière de Gounghin. Les visages se resserrent. On entend voler les mouches. L’émotion monte d’un cran. Une femme explose. Elle pleure à chaudes larmes. Sans doute la veuve d’un soldat mort. Un soldat la prend dans ces bras pour la réconforter. Peine perdue. Elle s’écroule et crie sa douleur. Des cameramans, un brin voyeuristes, foulant au pied l’éthique tout court, filment la scène. Sans gêne. Ils sont rappelés à l’ordre par un homme vêtu de blanc.
"Arrêtez de filmer, c’est quoi ces comportements ?vous ne respectez pas la douleur des gens ?", les sermonne t-il. La scène ne laisse personne indifférente. Submergé par l’émotion, un confrère pleure. On l’entoure et le console.
Souleymane Traoré, un proche de victime dit qu’il lui manque de mots pour qualifier l’oeuvre des terroristes. Il est indigné face à de tels actes barbares. La nation entière est là pour rendre un dernier hommage à ses fils tombés au champ d’honneur. Un communiqué du maire de la commune de Ouaga demandait à la population de sortir massivement pour accompagner nos compatriotes dans leur dernière demeure. Les députés sont là, avec leur échappe ; les ministres aussi, les autorités coutumières et religieuses. Bien entendu le commandement de nos forces armées et de sécurité.

Le chef d’Etat-major général des armées, Oumarou Sadou prend la parole. Traits tirés, il "s’incline devant la dépouille de ses hommes, devant la douleur des familles des victimes et également dire toute la reconnaissance des forces armées par rapport au soutien et la solidarité nationale." Il rappelle que le devoir des forces armées n’est pas légué, "mais un devoir qui est permanent, qui demande notre engagement à tous les niveaux et qui conduit souvent à des sacrifices. Des camarades de tous grades, officiers, sous-officiers, militaires du rang, des jeunes qui avaient à peine 18 mois de services sont tombés, c’est cela aussi notre engagement de défendre notre pays comme nous le pouvons dans la limite de nos ressources physique et jusqu’au sacrifice". Il demande le soutien de la nation entière, des citoyens qu’ils soient en ville ou en campagne afin d’accompagner nos forces de l’ordre pour éviter la déstabilisation du pays.
Avant de les porter sous terre, les huit militaires ont été décorés à titre posthume.
Les cercueils sont à présents descendus au fond des tombes. La cérémonie est terminé. La foule quitte les lieux, hébétée. "Qu’est-ce qui nous arrive", interroge le parent du colonel Djibril Lallé. Question sans réponse.

(1) LALLE Djibril (Colonel) ; OUEDRAOGO Hyacinthe (Adjudant Chef ) ; SANOU Florent(Sergent) ; MANDO Idrissa(Sergent) ; KOHOUN Yoropo (Sergent, 1ère classe) ; NIKIEMA Assami(Soldat de deuxième classe) ; KIEMDE Louis (Adjudant chef Major)

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net