Le Conseil représentatif des associations noires de France s’indigne dans un communiqué des nombreuses « erreurs, inepties et propos colonialistes » qu’auraient tenus les présentateurs de la chaîne lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques vendredi soir.

« La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques a donné lieu à un véritable festival d’erreurs, d’inepties et de propos colonialistes qui ont été tenus par Daniel Bilalian [directeur des sports de France Télévisions] et Alexandre Boyon, [sur France 2, ndlr] », s’indigne le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) dans un communiqué publié samedi où il annonce sa volonté de saisir le CSA.

Approximations et « insultes » aux téléspectateurs
Le Cran rappelle qu’il est faux de dire que Christophe Colomb « a découvert l’Amérique » en 1492. Lorsque le navigateur est arrivé aux Bahamas, « l’Amérique était déjà peuplée depuis des millénaires par quantité de peuples très nombreux », rappelle le Cran. Autre erreur relevée par le Cran : les présentateurs ont évoqué les « populations d’Incas » du Brésil. « Or jusqu’à preuve du contraire, remarque le Cran, les Incas n’ont jamais vécu au Brésil, mais plutôt dans la cordillère des Andes. »

Selon l’association, l’un des présentateurs a déclaré, toujours au cours de la cérémonie d’ouverture : « C’est vrai qu’on a parfois du mal, nous, les Européens, à faire la différence entre l’Amérique du Nord (on se dit il y a deux pays, les Etats-Unis et le Canada) et l’Amérique du Sud. Mais entre les deux, il y a l’Amérique centrale. » « Le Cran demande aux présentateurs de France 2 de ne pas insulter les téléspectateurs en supposant a priori que ceux-ci seraient aussi ignares que ceux-là », répond l’association.

L’esclavage, entre « trafic nécessaire » et « services »
Surtout, au moment du troisième tableau de la cérémonie qui a été suivie par 1,6 million de Français, l’un des présentateurs aborde le sujet de l’esclavage : « Le trafic d’esclaves [qui] a été nécessaire ici pour le développement industriel […] Un esclavage qui a duré jusqu’à la fin du XVIIIe siècle […] Le Brésil a utilisé les services de ces esclaves africains qui venaient de l’ensemble du continent africain. »

« Affirmer que le trafic a été "nécessaire", et qu’on utilisait "les services" des esclaves constitue une présentation maladroite, pour ne pas dire équivoque, qui tend à minimiser, voire à justifier l’esclavage, qui fut un crime contre l’humanité, rappelons-le », s’indigne le Cran.

De nombreux téléspectateurs ont aussi fait part de leur malaise et de leur indignation sur Twitter vendredi soir. Notamment lorsque Daniel Bilalian a appelé « Maurice Comte » le philosophe Auguste Comte, dont la devise « Ordre et Progrès » figure sur le drapeau brésilien.

Source : Libération
Kaceto.net