C’est parti pour la semaine nationale de la culture, édition 2018. La cérémonie d’ouverture, qui s’est déroulée hier après-midi dans la cuvette du stade Sangoulé Lamizana a été présidée par le premier ministre, Paul Kaba Thiéba. Pour 19ème édition, 1300 artistes et 300 000 visiteurs sont attendus !

Ambiance festive à Bobo-Dioulasso où se déroule du 24 au 31 mars, la 19ème édition de la Semaine nationale de la culture (SNC). Hier, en début de soirée, le premier ministre, Paul Kaba Thiéba a sonné trois fois le tambour, donnant le top départ de cette biennale de la culture qui a établi son siège à Bobo-Dioulasso depuis 1990.
Sur près d’1 km, le grand boulevard qui mène au stade Sangoulé Lamizana grouille de monde. Des commerçants ambulants ont transformé le terre-plein central et les abords du boulevard en marché où tout se vend : gadgets de souvenir de la ville de Bobo, de la SNC, des boissons, des vêtements, de la nourriture, des jouets, etc. Les forces de sécurité, déployées en grand nombre ont du mal à réguler la circulation en direction du stade. La délinquance routière est assurément devenue un sport national ! Le parvis du stade est bondé de monde. De longues files se forment devant les portes, bien gardées par les policiers et les gendarmes. Contexte sécuritaire oblige, les sacs sont soigneusement fouillés et les objets contondants confisqués. La cuvette n’est pas encore pleine, mais elle ne tardera pas à l’être. En attendant le concert géant prévu à la fin de la cérémonie officielle d’ouverture, des artistes tiennent le public en haleine.

A 16h15, l’animateur Big Ben demande au public de se lever pour accueillir le premier ministre, Paul Kaba Thiéba, venu représenter le président du Faso. Les délégations régionales sont en position pour la parade, temps fort de la cérémonie. Une parade toute en couleurs qui sonne comme une réponse au thème de l’édition 2018 : « Sauvegarde des valeurs culturelles : enjeux et défis ». Le monde, on le sait depuis des décennies, est devenu village planétaire. Les produits de grande consommation, y compris les produits culturels, traversent allègrement les frontières. A la mort de Michaël Jackson, c’est un deuil presque mondial auquel on a assisté. Mais dans ce village global où les cultures devraient bien se compléter pour faire baisser les barrières dans la connaissance de l’autre, certaines cultures et expressions artistiques sont plus visibles que d’autres. Au rendez-vous du donner et du recevoir, pour paraphraser le défunt président sénégalais Léopold Sédar Senghor, tous ne sont pas sur le même pied d’égalité. Hors mis quelques pays voisins, quelle est la notoriété de Dez Altino, Kundé d’or 2013 ? Dans quels pays du monde joue-t-on des pièces de théâtre burkinabè ? Où sont diffusés les films burkinabè, y compris ceux réalisés par nos têtes d’affiche ? A vrai dire, dans le grand marché mondial des biens culturels, nous sommes plus des consommateurs que de producteurs, avec le risque que nous nous identifions aux valeurs venues d’ailleurs au détriment de ce qui fait de nous, ce que nous sommes en tant qu’identité irréductible.

Dans ce contexte, la sauvegarde de nos valeurs devient en effet un enjeu. Et c’est assez réconfortant de voir qu’en dépit de la tendance à l’uniformisation des modes de vie, il y a encore dans notre pays, des identités fortement bien enracinées. La parade offerte hier lors de la cérémonie d’ouverture devrait quelque peu rassurer Maître Pacéré, lequel s’inquiète pour l’avenir de nos traditions. La troupe Warba venue de la province du Bam est totalement composée de jeunes danseurs d’une vingtaine d’années, pendant que les joueurs du tambour sous aisselles d’une église de Bobo dépassent à peine la dizaine.
Les parrains de la 19ème édition, l’homme d’affaires, Laciné Diwara et Mahamoudou Ouédraogo, ancien ministre de la Culture l’ont souligné : « Dans un monde où la tendance est à la globalisation et où les identités culturelles des peuples du Sud sont de plus en plus érodées, une manifestation comme la SNC donne à chacun l’occasion de valoriser la culture, de promouvoir la créativité et surtout de mieux prendre conscience des enjeux culturels du développement ».

Quant au ministre de la Culture, des arts et du tourisme, Abdoul Karim Sango, il a invité les Burkinabè à assumer l’héritage culturel laissé par nos illustres devanciers et à cultiver « l’ardeur au travail, l’intégrité, l’amour de la patrie, la solidarité, le respect des ainés et de l’autorité » et mis en garde contre « la course effrénée vers un matérialisme destructeur et un individualisme aveugle ».
Pour le maire de la commune de Bobo, Fabéré Brahima Sanou, « la culture doit être un levier pour le développement de la ville », d’où l’effort que le conseil municipal a consenti en offrant trois (3) prix spéciaux, trois podiums d’animation et un soutien aux artistes locaux en compétition, le tout pour un montant de 20 millions de F CFA.
Le disque solaire commence à rejoindre son lit. Le premier ministre, le ministre de la culture, les parrains et le président du comité d’organisation descendent de la tribune officielle et se dirigent, vers le tambour, calé sur un trépied. Les caméras sont braquées sur lui. Le moment est solennel. Il se saisit de la baguette courbe et assène trois coups sur la surface de l’instrument. Il vient de donner le coup de gong, marquant l’ouverture officielle d’une semaine d’expressions culturelles réunissant les 13 régions du pays.

L’édition 2018 de la SNC accueille 1300 artistes dont 1287 compétiteurs et attend près de 300 000 festivaliers », a révélé le ministre de la Culture. Au programme, arts du spectacle, arts plastiques, littérature en français, art culinaire et sports traditionnels. Le public pourra également se rendre au marché des arts, lieu de rencontres des créateurs et promoteurs culturels, assister aux plateaux artistiques, découvrir le village des communautés et la foire artisanale.
Le budget de la 19ème édition de la SNc s’élève à 600 millions de F CFA dont une dotation publique de 450 millions F CFA.

Joachim Vokouma, à Bobo-Dioulasso
Kaceto.net