Le 12 avril dernier, le premier ministre du Burkina Faso, le premier ministre Paul Kaba Thiéba a tenu son troisième discours sur l’Etat de la Nation, un exercice prévu par l’article 109 de la Constitution.
Je vous présente quelques éléments d’analyse de ce discours de plus de 4 heures tenu devant les députés de la Nation.

Le 12 avril dernier le premier ministre du Burkina Faso, le premier ministre Paul Kaba THIEBA, a tenu son troisième discours sur l’Etat de la Nation, un exercice prévu par l’article 109 de la Constitution.
Je vous présente aujourd’hui quelques éléments d’analyse de ce discours de plus de 4h tenu devant les députés de la Nation.
Le premier graphique ci-après nous permet de visualiser la configuration des principales catégories sémantiques qui structurent le propos du premier ministre. Ainsi que l’on peut le voir sur le graphique, ces catégories sémantiques recouvrent différents champs. On notera en particulier la centralité des questions financières, la problématique de l’éducation et de la formation, les questions sécuritaires et de tensions socio-politiques, le sujet des grands travaux publics (construction, bitumage, aménagement du territoire, etc.), les projets, programmes et plans (dont notamment le Plan National de Développement Economique et Social – PNDES), etc.

Pour mettre en évidence la « respiration » (la dynamique) de l’intervention de Paul Kaba THIEBA, j’ai divisé le texte de son discours en trois secteurs contenant un nombre égal de mots (par ordre chronologique : le 1er secteur, puis le 2ème secteur et enfin le 3ème secteur). A l’intérieur de chaque secteur, j’ai calculé les taux d’occurrence des catégories sémantiques ci-dessus citées et de certains indices langagiers qui disent quelque chose de l’implication personnelle de l’énonciateur PKT dans ses énoncés.

Le tableau de ces indices formels ET le graphique de répartition sectorielle des 20 catégories sémantiques les plus importantes qui structurent le discours du premier ministre Paul Kaba THIEBA permettent de faire les analyses suivantes :
Le premier temps du discours (1er secteur) du premier ministre a été marqué par la mise en scène de thématiques socio-politico-juridico-sécuritaire (mise en avant des catégories sémantiques « politique et géopolitique » (instances et acteurs politiques) ; « gouvernance, service public » ; « droit, loi, justice » et « sécurité, troubles, tensions ».)
Cette première séquence est aussi celle où on note une plus forte implication (engagement) de l’énonciateur Paul Kaba THIEBA dans ses énoncés : dans ce secteur on observe en effet un usage saillant des verbes déclaratifs (appelés aussi verbes d’opinion ou d’attitude : penser, croire, vouloir, devoir, savoir, exprimer, etc.) ; de modalisations d’intensité (qui permettent de « dramatiser » le discours : trop, très, beaucoup, plus, tout, tous, toutes, considérablement, etc.) ; d’adjectifs subjectifs (qui indiquent un jugement de valeur ou une réaction émotionnelle : fort, valeureux, potentiel, meilleur, réussi, intolérable, fidèle, précieux, nécessaire, important, etc.)
A ces éléments, s’ajoute une utilisation significative du pronom personnel « JE » qui se dilate pour se transformer en un « NOUS » de totalisation politique.
N.B. Il faut toutefois savoir que si l’on considère l’ensemble des verbes employés dans le discours, force est de constater que Paul Kaba THIEBA préfère de loin les verbes « factifs » (verbes d’actions : poursuivre, renforcer, réaliser, faire, engager, augmenter, porter, etc., soit 67,7% des verbes utilisés quand les verbes déclaratifs ne représentent que 9,6% des verbes employés).
Le deuxième temps du discours (2è secteur) du premier ministre Paul Kaba THIEBA a été marqué par la saillance de thématiques plutôt économiques. Citons : « grands travaux publics » (« constructions, bitumage, aménagement du territoire, etc. ») ; « industrie, énergie, mines » ; « commerce » ; « agriculture, élevage » ; « transport », « arts, musique, spectacles, culture ».
Mais on notera que ce 2è temps de la parole du premier ministre n’est lesté, au plan formel, que par la saillance des adjectifs objectifs et numériques (ordinaux ou cardinaux). On est bien dans les sphères économiques où l’intention communicationnelle est de laisser entendre que ce que l’on dit procède de faits vérifiables.
Le troisième et dernier temps du discours (3è secteur) met l’accent sur des thématiques plutôt sociales. Citons : « éducation et formation » ; « santé et médecine » ; « jeunes, femmes et enfants » ; « travail et emploi » ; « logement et habitat » ; « eau, nature et environnement ».
Dans cette dernière « salve de mots » on note le retour de marqueurs langagiers d’engagement/implication de l’énonciateur Paul Kaba THIEBA dans ses énoncés : saillance là encore (quoique moins marqué qu’en début de discours) des modalisations d’intensité, des adjectifs subjectifs et de l’usage du « JE » (qui ne se dilate pas significativement ici en un « NOUS » de totalisation politique).
Last but not the least, la catégorie “PPP - Projet, Programme, Plan” (dont le Plan National de Développement Economique et Social – PNDES) et la catégorie « finances » ont été quasi-EGALEMENT convoquées dans les trois secteurs du discours et ce n’est pas un hasard.

Ousmane SAWADOGO,
Expert en « Text Mining » et « Web Content Mining »,
Kaceto.net