Grossesses non désirées en milieu scolaire, consommation d’alcool et de drogue, etc., le conseil municipal de la commune de Ziniaré engage un combat contre ces fléaux qui prennent des proportions inquiétantes qui frappent en majorité les jeunes

Le 27 avril dernier, la salle de conférence de la mairie de Ziniaré a abrité la 1ère session du cadre de concertation de la commune, à laquelle ont pris part les chefs coutumiers, les parents d’élèves et les éducateurs. Au menu de la rencontre, la santé sexuelle en milieu scolaire : rôle des acteurs. Les communicateurs de la journée étaient le Dr Richard Sawadogo, médecin chef de district et Nestorine Sangaré, docteur en sociologie du développement, ancienne ministre de la Promotion de la femme et du Genre, et directrice exécutive du Centre de recherche et d’intervention en genre et développement (CRIGED), créé en 2006. Le premier s’est attardé sur ce qu’est la Santé sexuelle et reproductive pendant que la la seconde a planché sur le rôle des acteurs quant à la sexualité des jeunes.
« Par santé en matière de la reproduction, on entend le bien-être général, tant physique que mental et social, de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l’appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et non pas seulement l’absence de maladies ou d’infirmités », a expliqué le médecin chef.
Quant à la sexualité des jeunes, c’est une situation alarmiste qu’a décrite Nestorine Sangaré. « Il y a beaucoup de grossesses non désirés et ces grossesses sont liées au fait que beaucoup de filles sont en situation de précarité et de pauvreté. D’autres sont tentées par la facilité, elles veulent vivre au-delà de leurs moyens et sont prêtes à aller avec n’importe qui", a t-elle déploré, avant d’ajouter : "Il faut dire que ce n’est pas la faute aux filles seulement, mais aussi à leurs partenaires et parmi les partenaires, il y a toute une diversité d’individus, soit des travailleurs qui sont en poste et qui ne sont pas accompagnés de leurs épouses. Il y a également des ressortissants qui vont dans les périmètres maraîchers qui ramènent de l’argent et qui pensent que pour s’amuser, c’est se donner les moyens d’enceinter des filles et les laisser tomber ».

Pour celle qui a repris ses consultations dans la problématique du Genre, la situation des grossesses non désirées est préoccupante, mais, optimiste, elle pense que « si on connait les acteurs et qu’on réfléchit aux rôles que chaque acteurs peut jouer dans la lutte contre les grossesses non désirées, il est possible de tendre vers une diminution du phénomène et a son éradication ». D’autant que depuis plusieurs années, l’état a lancé des programmes, mais qu’il faut revoir à la lumière des résultats obtenus qui sont peu satisfaisants. A commencer par "combler les vides juridiques à certains niveaux parce qu’on constate une précocité sexuelle avec des adultes qui ne peuvent pas sanctionnés.
Pour ce qui est du rôle des parents, Nestorine Sangaré est sans langue de bois : elle pointe du doigt la démission de certains parents, incapables de faire raisonner leurs enfants et les laissent faire ce qu’elles veulent. "Il y a donc il y a une fuite de responsabilité à ce niveau qui doit être rapidement résolue car si les parents ne donnent pas l’éducation sexuelle à leurs enfants, il y aura d’autres acteurs externes
( internet, télé) qui viendront éduquer leurs enfants à leur place et ils ne sauront jamais qu’est-ce qu’on a mis dans leur tête », prévient-elle.
A l’endroit des jeunes, la sociologue du développement leur demande d’éviter certains comportements qui sont suicidaires, comme par exemple s’adonner à des divertissements consistant à consommer de la drogue ou l’alcool.

Un sujet qui a suscité un intérêt des participants, lesquels ont saisi l’occasion de formuler des recommandations (ci-contre) à la mairie pour que le phénomène soit stoppé.

01)_ Pour les élèves : Créer et/ou dynamiser les clubs en santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes (SSRAJ) dans les établissements primaires, post-primaires et secondaires.

02)_ Pour les parents : Œuvrer quotidiennement à l’éducation sociale et sexuelle des enfants par le suivi régulier de ceux-ci dans leurs différents milieux de vie
Promouvoir une plus grande implication des chefs de famille.

03)_ Pour les autorités :
 Poursuivre les communications en santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes dans les écoles primaires, lycées et collèges ;
 Dynamiser les centres d’écoute et de dialogue pour jeunes ;
 Mener un plaidoyer auprès des autorités compétentes pour la création d’un service de la police des mœurs dans la ville ;
 Plaidoyer auprès des pairs de la Communauté des communes de l’Oubritenga pour la prise en compte de la thématique dans les différentes politiques communales.

04)_ Pour les religieux : Intégrer la thématique pendant les différents prêches et rencontres de mouvements et associations à caractère religieux.

05)_ Pour les ONG et associations intervenant dans le milieu scolaire :
 Harmoniser les méthodes et outils d’intervention des associations ;
 Transmettre au maire les plans d’action et les rapports liés au domaine ;
 Transmettre le contenu des modules des communications à diffuser dans les établissements.

06)_ Pour les médias : Animer davantage des émissions interactives avec les jeunes sur la problématique.

07)_ Pour les responsables d’établissements  ;
 Accompagner les élèves dans la mise en place des clubs en SSRAJ
 Renforcer les compétences et les capacités des animateurs de la vie scolaire, des professeurs et des enseignants du primaire pour un meilleur accompagnement des élèves.

A la fin de la session, c’est un satisfait de la qualité des débats qui en tire le bilan : "Il y a une remise en cause quelque part et la prise de conscience se fait petit à petit sur le thème de la rencontre. Ce que nous avons entamé est un processus qui à tout un chacun de savoir quelle est sa part de contribution dans la lutte contre les grossesses non désirées », a commenté le maire Pascal Compaoré, qui rappelle que la tenue du cadre de concertation est institué par le code général des collectivités qui stipule que le conseil municipal doit créer un cadre et l’animer trois fois par an.
En choisissant le thème de la santé sexuelle des jeunes :le rôle des acteurs, le conseil municipal de la commune de Ziniaré a voulu interpeller tous les acteurs, notamment les élèves, les parents, les éducateurs afin qu’ensemble, "nous travaillions à avoir une santé sexuelle saine pour de meilleurs résultats et éviter d’avoir des statistiques alarmants sur les grossesses en milieu scolaire", explique le maire, regrettant qu’en 2016-2017, 38 grossesses non désirées aient été enregistrées dans 5 établissements secondaires de la ville de Ziniaré.

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net