La quatrième édition de la Nuit du Faso Dan Fani aura lieu le 2 juin à Villejuif dans la banlieue sud de Paris. Petit éclairage sur cet événement considéré depuis trois ans en France, comme le rendez-vous obligé de tous les amoureux de ce tissu devenu le véritable emblème du Burkina Faso.

L’annonce a été faite le 20 mai à Paris, lors d’une conférence de presse à l’ambassade du Burkina Faso par l’Association des créateurs Burkinabè de France (ACBF) qui en est à l’origine. Le Faso Dan Fani est une expression Dioula, (une langue parlée au Burkina Faso, au Mali, en Côte d’Ivoire ainsi que dans la partie méridionale du Sénégal) qui, traduit littéralement, signifie « pagne tissé de la patrie ». A en croire l’écrivain et journaliste burkinabè Sayouba Traoré, ce tissu a toujours existé, pas seulement au Burkina Faso, mais dans presque toute l’Afrique de l’ouest. Et d’ajouter : « le coup de génie du Burkina, c’est d’en avoir fait un objet marketing ».
Un objet marketing devenu le symbole du pays. Pratiqué essentiellement par les femmes du pays, son tissage a été très fortement encouragé par Thomas Sankara, histoire de leur permettre d’accroître leurs revenus. En arborant ostensiblement des costumes fabriqués avec le Faso Dan Fani, le président du Faso Christian Roch Marc Kaboré qui a succédé en novembre 2015 à Blaise Compaoré à la tête du pays et ses ministres lui ont donné une nouvelle visibilité, alors qu’il végétait quelque peu.
L’Association des créateurs Burkinabè de France (ACBF) n’a pas, non plus été en reste. Fondée en avril 2010 et affiliée à l’Union des Associations Burkinabè de France (UABF), elle a organisé la première édition de la Nuit du Faso en 2015. Avec pour but, la promotion de la culture du « Pays des hommes intègres », notamment à travers « la création et la valorisation de la mode qui a comme matière première le textile fait à base de coton ». Matière première dont le pays est l’un des deux plus grands producteurs en Afrique.

« L’objet de cette nuit est de réunir toutes les personnes qui peuvent connaître et valoriser le Faso Dan Fani », explique Saïdou Sawadogo, le Secrétaire général de cette association basée à Paris. Qui voit grand pour cette quatrième édition : « Nous voulons donner une ampleur internationale à cette quatrième édition, rassembler toutes les communautés africaines, européennes, américaines au tour du Faso Dan Fani. Et d’ajouter : « c’est la raison pour laquelle, nous organisons une conférence de presse ici à Paris pour lui donner une résonance internationale. « C’est une grande première pour une association burkinabè », s’enthousiasme-t-il. Autre grande première, il aura un pays invité et ce sera la Côte d’Ivoire.
Manifestation culturelle d’abord, la Nuit du Faso Dan Fani, dont le thème cette année, « Une identité à la conquête du marché mondial » est sans équivoque, se veut aussi un carrefour économique. « Convaincus que le textile à base de coton burkinabè (…) peut contribuer à la croissance de l’économie du pays, les membres de l’ACBF entendent réunir cette nuit, plusieurs créateurs de mode, la communauté et les amis du Burkina Faso pour valoriser ce bien qui nous est cher », déclare Georges Kaboré, son président.
Ainsi, le défilé de mode sera le clou de la soirée. Six stylistes étaient venus présenter leurs modèles en 2017. Cette année, ils devraient être huit, venus de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Mali, du Togo, de Paris, de Bordeaux, des Etats-Unis et last but not least, du Burkina Faso (voir encadré). En plus des artistes burkinabè habituellement présents, Gadji Celli, une star de la musique ivoirienne que l’on ne présente plus, est annoncée pour animer la soirée. « Nous sommes en train de négocier avec lui et nous avons bon espoir qu’il sera parmi nous », indique Saïdou Sawadogo.
Bien entendu, un tel événement a un coût. Selon Georges Kaboré, le budget de la Nuit est d’environ 25.850 euros, financé en grande partie par des sponsors. Pour l’instant, les autorités burkinabè n’ont pas encore mis la main à la poche. Mais pour la première fois, elles ont mis gracieusement à la disposition de son association, l’Ambassade pour organiser la conférence de presse annonçant la Nuit. Alors forcément, il espère qu’elles ne tarderont pas à le faire.

Valentin Hodonou
Kaceto.net

Encadré : Ils vont présenter leurs créations
Burkina : Felicia Couture et Sally Dah
Côte d’Ivoire : Lionnel’s Diallo et Uchi Courbet
Sénégal : Salif Compaoré
Mali : Gaoussou Goïta
Togo : Patrick Desk et Aïssa Zongo
France : Imar Mode ; GX 226, Yannick Barro ; Angelis Confection
Etats-Unis : Soro Bis
V.H