Après Savane FM le samedi matin, le président Roch Kaboré était à nouveau interviewé hier 24 juin par les journalistes Jean Emmanuel Ouédraogo de la RTB, Aubin Guébré de BF1 et Ismael Ouédraogo de Burkina Info.

Week-end très médiatique pour le président Roch Kaboré qui est intervenu deux fois pour défendre son bilan deux ans et demi après son arrivée au pouvoir. Samedi matin, il était sur les antennes d’une radio privée, Savane FM, où il a répondu en langue nationale Mooré aux questions de deux journalistes et des auditeurs durant 100 minutes. Hier soir, c’est devant trois journalistes de la RTB, de BF1 et de Burkina Info qu’il s’est à nouveau prêté aux questions durant un peu plus d’une heure.
Sur la situation économique et sécuritaire, il a expliqué que les questions de sécurité sont devenues des défis à relever, ce qui n’était pas prévu à son arrivée au pouvoir. Il a fallu faire des réajustements, y compris budgétaires pour prendre en compte cette nouvelle donne. Puis la grogne sociale avec des grèves qui perturbent le fonctionnement de l’économie est venue s’ajouter. Malgré tout, dit-il, 85% des recettes prévues par le PNDES ont été mobilisées, l’économie a enregistré un taux de croissance de 7,6%, ce qui n’est pas négligeable et "à la date d’aujourd’hui, le gouvernement a pu créer plus de 190.000 emplois pour la jeunesse contre 650 000 prévus, et ce nombre est appelé à augmenter d’ici 2020". Il a rappelé qu’un fonds de garantie de 500 millions a été mis en place pour soutenir les jeunes qui présentent des dossiers bancables.
Se prononçant sur les mots d’ordre de grève de la Coordination nationale des syndicats du ministère de l’Economie et des finances qui durent depuis des semaines, le président leur a demandé à plusieurs reprises de lever leur mot d’ordre de grève, de reprendre le travail et d’engager des discussions avec le gouvernement. Il croit qu’il est possible de trouver un accord entre les deux parties, à l’image de ce qui s’était passé avec les syndicats des agents de la santé et des enseignants. "On n’avait pas eu tout ce tohu-bohu pour trouver des solutions", a t-il plaidé.
En réponse à ceux qui estiment que la grogne sociale vient du fait que le gouvernement a accordé des avantages aux magistrats, le chef de l’exécutif, s’est défendu en expliquant avoir tout simplement appliqué des engagements qui avaient été pris par la Transition via la loi 081, au nom de la continuité de l’Etat.
Face à l’incivisme qui ne cesse de prendre des proportions inquiétantes, le président a prévenu : "Nous avons fait la sensibilisation, nous allons désormais appliquer la loi dans toute sa rigueur", a t-il dit, ajoutant que l’autorité est bien là et que le bateau battant pavillon Burkina est bien tenu.

Dans son programme de mandat, le président s’était engagé à résorber le stock des écoles sous paillotes d’ici 2020, soit la construction de 4353 classes. A mi mandat, il a révélé que 1600 salles sous paillotes avaient été normalisées et a insisté sur la qualité des ouvrages qui doivent être réalisés par les prestataires, indiquant que "nous allons exclure les mauvais prestataires de nos activités".
En raison de l’insécurité qui y règne, les élèves de la région du Sahel n’ont pas pu passer les examens ; le président Kaboré a promis qu’avant la rentrée prochaine, tout sera mis en oeuvre pour qu’ils passent les examens dans de bonnes conditions, mais comme sur Savana FM, il s’est abstenu de donner des dates.
Il s’est prononcé contre certaines recommandations de la conférence sur la rationalisation du système de rémunération des agents de l’état, notamment la suppression de certaines institutions comme le Conseil économique et social, le Médiateur du Faso, le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale et le Haut représentant du président du Faso.
De nombreuses entreprises avaient été pillées et saccagées durant l’insurrection populaire et certaines ne se sont jamais relevées. Sur ce point, le président Kaboré a indiqué que les victimes ont évalué leurs pertes entre 55 et 60 milliards de F CFA, un montant que l’Etat ne peut pas s’engager à payer sans qu’une contre-expertise ait été faite. "On ne peut pas payer comme ça", a t-il répondu au journaliste qui lui demandait ce que l’Etat comptait faire sur ce dossier.
Les Burkinabè de l’extérieur vont-ils oui ou non voter en 2020 ? La réponde du président a été ferme : "Ils vont voter en 2020 et tout sera fait pour qu’ils votent. C’est un engagement". Sera t-il candidat pour un deuxième mandat en 2020 ? "Dans la loi, j’ai droit à un deuxième mandat. Je me battrai pour réaliser mon programme et solliciter un deuxième mandat en 2020".

Georges Diao
Kaceto.net