Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a estimé que la justice devait "être dite" dans le dossier du putsch manqué de septembre 2015, pour "permettre d’aller à la réconciliation nationale", alors que le procès connaît des renvois successifs depuis son ouverture fin février.

"Je reste convaincu que la justice doit être dite parce que nous ne pouvons pas indéfiniment continuer à traîner, à reporter le procès", a déclaré M. Kaboré dimanche soir lors d’un entretien à la télévision nationale sur son bilan de mi-mandat à la tête du pays.

"L’un des éléments qui doit nous permettre même d’aller à ce que tout le monde réclame, +la réconciliation nationale+, c’est qu’il y ait la vérité et la justice", a-t-il estimé.

Entamé en février, le procès va de renvoi en renvoi sans que le fond ait encore été débattu.
"Aujourd’hui, nous sommes (...) sur des questions de procédure mais j’ai bon espoir, parce c’est ça aussi la justice dans l’État de droit où il y a des règles, des procédures. Nous sommes obligés, malgré l’impatience que les uns et les autres peuvent avoir par rapport à cela, d’en tenir compte", a-t-il assuré.

"Comment aller à une réconciliation nationale si ces questions ne sont pas réglées", a-t-il interrogé, estimant qu’il "y va de l’intérêt de ceux qui sont accusés, ou prétendument accusés, que la lumière soit faite pour tout le monde et pour tous les Burkinabè".

La société burkinabè connaît une grave fracture depuis la chute du régime du président Blaise Compaoré, chassé fin octobre 2014 par la rue, après 27 ans au pouvoir.

Cette fracture s’est davantage accentuée avec le putsch manqué perpétré
mi-septembre 2015 par le Régiment de sécurité présidentielle, l’ex-garde prétorienne de M. Compaoré.

Au total, 84 accusés sont jugés dans cette affaire, dont les généraux Diendéré et Djibrill Bassolé, cerveaux présumés du coup d’État manqué qui a fait 14 morts et 270 blessés.

AFP