Chefs d’entreprises, représentants d’institutions et de la société civile, partenaires techniques et financiers, banquiers, etc., sont réunis depuis hier dans la ville de Sya pour célébrer la commande publique en tant que levier stratégique de développement

Agitation inhabituelle hier 12 juillet au Centre Muraz, dans le quartier Diarrabougou de Bobo-Dioulasso. Il ne s’agit pas d’un colloque international de chercheurs en santé publique ou une réunion d’experts pour statuer sur les résultats de recherche comme ce centre en accueille souvent. Non, ce matin, des acteurs du monde des affaires, de l’administration, des partenaires techniques et financiers s’étaient donné rendez-vous dans la capitale de Sya pour célébrer les premières Journées de la commande publique (JCP), sous le thème : « la commande publique, un levier stratégique dans l’atteinte des résultats du Plan national de développement économique et social (PNDES) ».
Un sujet d’une grande importance d’autant plus que, selon le président de la Chambre de commerce et d’industrie, Mahamadi Sawadogo, le PNDES sera exécuté en partie par le canal de la commande publique qui, elle-même, constitue un outil de croisement des intérêts de l’administration et du secteur privé ».
Les premières JCP coïncident avec les dix ans du gendarme des marchés publics, en l’occurrence, l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP), une structure rattachée au premier ministère et présidée par Dramane Millogo.
Lequel souhaite un renforcement du partenariat entre l’ARCOP, le monde des affaires via la chambre de commerce et d’industrie et la société civile, car dit-il « la construction d’un système solide de la commande publique passe nécessairement par une fusion harmonieuse de ces trois composantes ».

Entre 2011 et 2015, le taux de croissance moyen du produit intérieur brut a atteint 5,5%, une donnée qui a un impact sur les dépenses publiques et par ricochet, sur la commande publique. Selon un rapport de la Banque mondiale publié en 2013 sur le développement économique dans le monde, la part des marchés publics dans le PIB mondial est estimée en moyenne à 13%. Au Burkina, ce ratio est de l’ordre de 25% ! C’est dire que la commande publique représente une part importante de l’activité économique dans notre pays. D’où la nécessité d’instituer des règles qui garantissent la transparence et l’égalité d’accès aux marchés publics. Dans l’imagerie populaire, marchés publics riment avec opacité, corruption, pratiques contraires au droit. Mais il n’y a jamais de fumée sans feu. A preuve, depuis 2015, le secteur des marchés occupe le 2è rang dans le classement du Réseau national de lutte anti-corruption (Ren-Lac) sur l’indice de la corruption, juste derrière la police municipale. Le prochain rapport, qui sera rendu public le 17 juillet prochain est donc attendu avec intérêt. Il y va de la crédibilité de la commande publique au moment où le niveau d’exigence des citoyens est assez élevé. Il ne se passe pas une semaine sans que sur les radios et les réseaux sociaux, des citoyens pointent du doigt la mauvaise qualité d’une infrastructure, conséquence parfois de la corruption qui a accompagné l’attribution du marché.
Depuis le lancement de ses activités en juillet 2008, l’ARCOP a joué, avec succès, sa partition en tant qu’acteur majeur de la commande publique, mais a aussi montré ses limites.

Il était donc plus que nécessaire de réunir tous les acteurs de la commande publique pour faire le point sur les préoccupations communes et dégager des pistes pouvant permettre d’atteindre les résultats escomptés dans la mise en œuvre du PNDES.
Comme l’ont souligné les différents intervenants hier, les premières JCP visent à réunir les acteurs de la commande publics, y compris les partenaires techniques et financiers afin de réfléchir sur les moyens d’améliorer le processus de passation des marchés et le rendre plus transparent conformément aux textes en vigueur. Il y a urgence d’autant que depuis 2008, le nombre de plaintes dans la passation des marchés publics ne fait que croître, passant de 17 en 2008 à …947 en 2017. « Aucun pays de l’UEMOA n’a enregistré autant de plaintes », commente un expert.
Pourquoi autant de plaintes alors que chez nos voisins, seulement une centaine de plaintes sont enregistrées par an ? La question reste posée !
Hier, les participants ont eu droit à des communications sur l’historique de l’ARCOP et sur le rôle du secteur public dans le développement économique par le biais de la commande publique. Aujourd’hui, c’est sur le rôle du secteur privé et de la société civile en tant qu’acteurs du développement qu’ils vont plancher.

Joachim Vokouma
Kaceto.net