Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a présenté hier mardi 17 juillet son rapport 2017 sur l’état de la corruption au Burkina Faso. Les enquêtes ont été réalisées dans les 13 chefs-lieux des régions du Burkina Faso, ainsi que dans la ville de Pouytenga. De façon générale, les résultats du rapport montrent une augmentation de la corruption au Burkina comparativement à 2016.

Le rapport 2017 du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) est un document de 127 pages scindé en trois parties : la méthodologie, les résultats et les recommandations.
En ce qui concerne la méthodologie, le rapport indique que le sondage a couvert tous les 13 chefs-lieux des régions et la ville de Pouytenga avec un échantillon de 2000 personnes âgées d’au moins 18 ans. Pour ce qui sont des résultats, Claude Wetta, Secrétaire Exécutif du REN-LAC a indiqué que « la fréquence de la corruption ressentie par les citoyens est en augmentation en 2017 pour la majorité des enquêtés ».
Selon le rapport, par rapport à 2016, seulement 36,6% des répondants pensent que la corruption a régressé en 2017 contre 51,9% en 2016. Dans la pratique, le rapport fait ressortir que « 477 enquêtés soit 23% de l’échantillon total ont offert directement une ou des rétributions en 2017 à un agent public en contrepartie de services non soumis à payement ».
Si la fréquence de la corruption a augmenté en 2017, il convient de préciser qu’elle varie d’un service à un autre. Ainsi, sur 19 services publics, la police municipale occupe la première place, suivie de la douane(2ème) et de la Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM, 3ème place). La gendarmerie nationale occupe la quatrième place, l’enseignement secondaire la cinquième place, les impôts la sixième place et la police nationale la septième place.

Face aux résultats du rapport, les premiers responsables du REN-LAC estiment qu’il n’y a pas eu d’actions d’envergure de la part de l’exécutif en 2017 en matière de lutte anti-corruption. Au regard du manque de volonté politique, Claude Wetta et son
équipe « appellent à un renforcement des actions de la société civile et une veille citoyenne accrue pour plus de transparence et de gouvernance saine ». En plus de cet appel, la dernière partie du rapport fait ressortir des recommandations. Il s’agit entre autres de :
  Poursuivre le renforcement de l’arsenal juridique de prévention et de répression de la corruption ;
  Promouvoir les valeurs d’intégrité à travers des récompenses aux agents intègres et méritants ;
  Systématiser les enquêtes de moralité avant la nomination à des postes de responsabilité ;
  Renforcer l’élan d’application de la loi 04-2015/CNT portant prévention et répression de la corruption au Burkina Faso.
Au cours de la présentation du rapport, le Secrétaire exécutif du REN-LAC s’est prononcé sur l’annulation de la décision du Conseil supérieur de la magistrature par le Conseil d’Etat. « C’est un véritable coup de poignard dans le dos de ceux qui œuvrent pour l’assainissement du troisième pouvoir », a déploré Claude Wetta. Pour lui, cette décision qui annule tous les actes pris par le conseil de discipline, notamment les sanctions infligées à certains magistrats tend à garantir l’impunité aux acteurs judiciaires.

M’pempé Bernard HIEN
Kaceto.net