Elles se sont unies, elles ont pris leur destin en main, et au final, ce sont elles qui dirigent et qui exigent des hommes un meilleur sens des responsabilités.

Les femmes des ethnies Bemba et Tabwa que j’ai rencontrées sont celles qui décident de tout dans le village Lubanda, dans l’ancien Katanga. Elles sont même plus craintes que les hommes. Ce n’est pas parce qu’on y pratique le matriarcat dans cette Afrique plus masculinisée, mais plutôt parce qu’elles sont unies à défendre leurs droits.

Au village Lubanda, j’ai été surpris de rencontrer certaines femmes vivant seules ou en concubinage, sans que leur statut conjugal ne dérange personne. Des femmes qui assurent leur autonomie et la prise en charge intégrale de leurs besoins en travaillant la terre comme tout le monde, et en faisant parfois du commerce.

Mwila est l’une de ces femmes que j’ai rencontrées. Elle est cuisinière dans l’une des fermes environnant le village Lubanda où elle habite. Trois fois divorcée, c’est elle qui, à chaque étape, a décidé de mettre un terme à sa vie conjugale. Surprenant, n’est-ce pas ? Et ce n’est pas tout.
Elle me donne des exemples des femmes qui n’hésitent pas à divorcer ou à hausser le ton devant leurs conjoints quand ces derniers se méconduisent ou ne se montrent plus responsables dans le foyer. Grâce aux explications du chef de groupement Katete, dont dépend le village Lubanda, j’ai pu comprendre le mode de vie du milieu. Selon lui, depuis des millénaires, les femmes tabwa, bemba et d’autres de la contrée, font partie du cercle de prise de décision dans la marche de la société.

Pendant ce temps, dans les centres urbains, plusieurs ateliers, colloques et séminaires ont lieu depuis des décennies, pour la promotion des droits des femmes. Le village Lubanda a peut-être besoin qu’on y organise des colloques prônant le droit des hommes ! Car ici, les femmes font déjà respecter leurs droits. Certaines églises, par exemple, prêchent contre la polygamie, eh bien, à Lubanda, elles devront prêcher contre la polyandrie !

Bref, mon expérience de Lubanda démontre que s’appuyer sur des coutumes, pour tenir la femme sous des règles de soumission ne tient pas la route. Il existe au Congo, de nombreux exemples tirés des traditions où des femmes ont les mêmes droits et devoirs envers la société que les hommes.

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