La justice du Malawi a refusé lundi une seconde fois la demande de libération sous caution d’un homme séropositif accusé d’avoir été payé pour déflorer plus d’une centaine d’adolescentes, dans le cadre de pratiques rituelles organisées par leurs parents.

Eric Aniva, 45 ans, a été arrêté fin juillet après avoir confessé dans une interview à la BBC avoir eu des rapports sexuels avec des jeunes filles, en échange de quatre à sept dollars réglé par leurs familles, et ce malgré sa séropositivité.
Le procureur Christopher Botoman s’est opposé lundi à sa libération de peur qu’il « intimide ou influence » des victimes pour les dissuader de témoigner. « La nature et le sérieux de l’infraction, ainsi que la sévérité de la peine s’il est condamné, font qu’il n’est pas dans l’intérêt de la justice de libérer l’accusé sous caution », a ajouté le procureur, rappelant que l’accusé pouvait s’enfuir au Mozambique, frontalier avec son village de Nsanje, dans le sud du Malawi.
M. Aniva a rejeté toute velléité de fuite, « dans le mesure où c’est une affaire qui ne m’inquiète pas », a-t-il dit. Une première demande de libération conditionnelle lui avait déjà été refusée le 5 août.
Selon une coutume locale pratiquée dans le sud du Malawi, des parents d’adolescentes embauchent un homme, surnommé « la hyène », pour les déflorer après les premières règles, un rituel qui dure trois jours.
Cette pratique est censée apprendre aux jeunes filles à devenir de bonnes épouses et les protéger des maladies ou d’autres malheurs risquant de porter préjudice à leur famille ou leur village. Selon ses propres dires, M. Aniva aurait eu des rapports sexuels avec 104 jeunes filles, certaines ayant seulement 12 ans.
Il avait été arrêté à la demande même du président malawite Peter Mutharika après avoir fait cette terrible confession dans l’interview à la BBC.
L’homme, dont les deux épouses assistaient à l’audience, avait reconnu avoir eu des rapports non protégés bien qu’il soit porteur du virus du sida. Il avait affirmé que la coutume lui interdisait d’utiliser des préservatifs.
S’il est reconnu coupable, il risque la prison à vie pour avoir eu des relations sexuelles avec des mineurs de moins de 16 ans. « Nous voulons qu’il rentre à la maison. Nous souffrons car nous n’avons plus rien à manger », a déclaré à l’AFP Fanny, 25 ans, la plus âgée de ses deux épouses. « Mais quand il est là, on ne souffre plus car c’est un homme et qu’il trouve le moyen de nous ramener de la nourriture à la maison ».
Sophia, sa seconde femme, a de son côté assuré qu’il avait abandonné son activité de « hyène » depuis belle lurette. « Les voleurs et les meurtriers sont bien libérés sous caution, alors qu’est-ce qui pose problème avec notre mari ? »

Source AFP