Ousseini Faïçal Nanéma, a reconnu lundi devant la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou, avoir acheté durant le putsch manqué, des matériels volés au domicile du défunt Salif Diallo mais nié avoir participé à l’incendie dudit domicile.
Administrateur de société, Ousseini Faïçal Nanéma est aussi militant de l’ex parti au pouvoir le congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).

Il a participé à des rassemblements de militants de son parti au rond-point des martyrs les 17, 18 et 19 septembre 2015 dès l’annonce de la prise du pouvoir par le conseil national de la Démocratie (CND) présidé par le Général Gilbert Diendéré.
« J’ai trouvé le putsch normal car mon parti le CDP avait été exclu des élections présidentielles par la transition alors que le CND annonçait des élections inclusives » a-t-il justifié son appui au putsch.
L’accusé est poursuivi pour deux charges à savoir dégradation de biens et recel d’objets volés au domicile de Salif Diallo.
Concernant le recel d’objets volés, l’accusé reconnait avoir acheté le 18 Septembre 2015, un sac à main, un fer à repasser et une statuette.
Des objets qu’il a revendus au même prix selon ses dires, à des connaissances avant d’apprendre que ces objets avaient été volés au domicile du défunt président de l’Assemblée nationale Salif Diallo, domicile lui-même incendié.
Mais pour le parquet militaire, l’accusé a lui-même dérobé lesdits matériels et participé à l’incendie du domicile du défunt Salif Diallo, appuyant ses dires, sur des témoins qui auraient aperçu Ousseini Faïçal Nanéma sur les lieux.
Si l’accusé reconnait avoir été sur les lieux le 17 septembre 2015, il nie avoir volé des matériels et participé à l’incendie le lendemain 18 septembre 2015.
Selon l’accusé, c’est du rond-point des martyrs le 17 septembre 2015, qu’il a appris qu’un groupe de jeunes auraient décidé d’aller brûler le domicile de Salif Diallo. Acte qu’il a empêché en alertant des éléments du Régiment de sécurité présidentiel (RSP).
« Je suis allé au domicile de Salif Diallo dans le véhicule des militaires et nous avons empêché l’incendie du domicile ainsi que le lynchage de l’agent de police Yacouba Manli » a-t-il expliqué.
Nanema Ousseni Fayçal a affirmé qu’il a appris le pillage et l’incendie du domicile du défunt Salif Diallo sur les réseaux sociaux dans la soirée du 18 septembre 2015.
Il dit avoir immédiatement fait le parallèle entre le pillage et les objets qu’il avait acheté dans la journée. Des objets qu’il s’était engagés selon ses dires à restituer au propriétaire.
Et ce parce qu’il connaissait bien Salif Diallo qui était, a-t-il affirmé être son parrain et avec lequel, ils avaient gardé, selon ses dires de bonnes relations malgré le départ de ce dernier du CDP pour le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP).
« Pourquoi, n’avez-vous pas appelé la gendarmerie dès que vous avez su que les matériels que vous avez acheté avaient été volé », a demandé le parquet militaire à l’accusé.
« J’ai appelé directement mon parrain (Salif Diallo) mais je n’ai pas pu le joindre. Je comptais lui remettre les matériels directement » a répondu l’accusé.
Il déplore n’avoir pas eu le temps pour cela car il a été arrêté le 20 septembre 2015 par la gendarmerie qui a, a-t-il affirmé, fouillé sa chambre d’hôtel et récupéré lesdits objets.
Pour le parquet militaire, l’accusé devait se douter que les matériels qu’il a achetés ont été volés.
« Est-ce que le rond-point des martyrs où vous avez acheté les matériels, est un marché d’objet d’art » a-t-il demandé.
« Les matériels ‘‘France Au revoir’’ se vendent partout à Ouagadougou. Tout le monde sait que s’il y a un regroupement quelque part, les gens viennent vendre leurs marchandises. Si on doit me condamner pour cela, qu’on me condamne » a affirmé l’accusé.
Le président du Tribunal militaire Seydou Ouédraogo a demandé à l’accusé s’il s’est déplacé au rond-point des martyrs et à l’hôtel Laïco, à l’appel de son parti le CDP.
« Le parti n’a lancé aucun mot d’ordre. C’est par les réseaux sociaux que j’ai appris les appels au rassemblement » a répondu l’accusé.
Selon ses dires, le siège du CDP a été incendié dans la soirée du 16 septembre 2015, les structures du parti ne pouvaient pas se rassembler et le président du parti Eddie Komboigo avait fermé ses téléphones et quitté la ville.
« Pourquoi avez-vous aussi incendié le domicile de Safiatou Lopez ? » a également demandé le parquet militaire.
« Je ne connais pas chez elle. Je ne l’ai rencontré que deux fois sous la Transition » a répondu l’accusé.
Selon Nanema Ousseni Fayçal, il est sorti pour soutenir le CND qui était prêt à organiser des élections inclusives qui auraient vu la participation du CDP et non pour brûler des maisons.
S’il l’avait voulu, selon ses dires, il aurait brûlé plusieurs maisons car il connaissait le domicile de plusieurs dignitaires du MPP et certaines autorités de la Transition.
« Si on était sorti pour brûler, dès le 17 septembre 2015 matin, on allait brûler. Je savais où se trouvait Cherif Sy et la radio pirate » a-t-il déclaré.
Le parquet militaire a invité l’accusé a cessé d’appeler les militaires à prendre le pouvoir car dira-t-il, « dans une république, il faut faire les choses dans la légalité ».
A cela, l’accusé réplique en demandant au parquet militaire, si la prise du pouvoir par le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida au dépend du chef d’Etat-major général des Armées le Général Honoré Nabéré Traoré, après la démission du président Blaise Compaoré, était légale.
« On a chassé quelqu’un qui a modifié l’article 37 et on a donné le pouvoir à quelqu’un qui a suspendu la constitution. Quelqu’un qui a causé des morts et pourtant, aucune instruction n’est ouverte sur les événements de fin octobre 2014 par le parquet » a affirmé l’accusé.
Le parquet militaire a rappelé à l’accusé que des procédures sont ouvertes concernant les incidents de l’insurrection de 2014 ainsi que les événements survenus le 2 novembre 2014 à la Radiodiffusion Télévision nationale (RTB).

Agence d’Information du Burkina