Sans surprise, c’est la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo qui a été élue hier 12 octobre par consensus secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) à l’occasion du 17è sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres qui s’est tenu à Erevan, en Arménie. Pour les quatre prochaines années, c’est une anglophone, parlant parle parfaitement le français, qui va présider aux destinées de cette organisation créée le 20 mars 1970 à Niamey en par Leopold Sédar Senghor (Sénégal), Hamani Diori (Niger) et Habib Bourguiba (Tunisie).
Exit donc Michaëlle Jean, canadienne d’origine haïtienne qui aura bataillé jusqu’au bout pour arracher un second mandat. Mais les carottes étaient cuites pour elle. La France du président Emmanuel Macron en a décidé autrement. Depuis le génocide rwandais en 1994, le président rwandais Paaul Kagamé en veut à la France pour le rôle qu’elle aurait joué aux côtés des tueurs. La brouille était si profonde au point que les deux pays avaient rompu leurs diplomatiques avant de revenir à de meilleurs sentiments. Mais pour le président Macron, le Rwanda doit être un allié stratégique dans cette partie de l’Afrique en proie à l’instabilité chronique depuis des décennies. Michaëlle Jean a donc été sacrifiée sur l’autel de la réconciliation et de la consolidation des liens entre la France, principal bailleur de la Francophonie et le Rwanda, un pays où la langue officielle est l’anglais. Pis, son propre pays, le Canada l’a lâchée, en contre-partie d’un soutien de la France pour une place au conseil de sécurité de l’ONU.
Il s’agit bien d’un sacrifice, car, on ignore encore le crime que cette afro-descente a bien pu commettre pour être congédiée, de manière inélégante à la tête de l’OIF qu’elle a su incarner depuis quatre ans.
Dans l’esprit des pères fondateurs, la francophonie devait promouvoir la culture, les les valeurs d’humanisme et d’amitié entre les peuples ayant en partage l’usage de la langue française. Voilà qu’elle est devenue l’objet d’un troc international au service d’intérêts partisans.